L'arrestation présumée d'un pharmacien exacerbe les tensions autour de la grève des étudiants en médecine

Un pharmacien algérien, le Dr Ahmed Debahi, aurait été interpellé jeudi dans son officine par des individus non identifiés. L'administrateur de la page Facebook “Les facultés de médecine en Algérie”, qui compte près de 300 000 abonnés, aurait été emmené de son lieu de travail pour des raisons qui demeureraient, à ce jour, inconnues.

Cette présumée arrestation intervient dans un contexte social particulièrement tendu au sein du secteur médical universitaire. En effet, les étudiants en médecine poursuivent un mouvement de grève qui s'étend désormais sur plus d'un mois, paralysant les services hospitaliers universitaires du pays. Le mouvement a débuté en réaction à la réforme du résidanat et des études médicales, jugée inadaptée par les futurs médecins.

Des soupçons d'ingérence étrangère

L'affaire prend une nouvelle dimension avec la publication le 11 novembre dernier d'un éditorial dans le quotidien “El Khabar”, s'interrogeant sur la persistance du mouvement malgré les concessions ministérielles. Un enregistrement audio, révélé par la même source viendrait alimenter les suspicions d'ingérence étrangère. Celui-ci documente une conversation entre une étudiante algérienne prénommée Chahrazad et une supposée “collègue” marocaine, cette dernière l'encourageant à poursuivre la grève en citant l'exemple des étudiants marocains prêts à sacrifier une année universitaire.

Dans ce climat trouble, le Dr Debahi jouerait un rôle central en tant qu'administrateur de la plus importante plateforme numérique dédiée aux étudiants en médecine d'Algérie. La page qu'il cogère est devenue un espace majeur de mobilisation et d'organisation du mouvement de protestation.

Entre accusations et revendications légitimes

Les autorités algériennes dénoncent une manipulation extérieure des étudiants, pointant notamment du doigt le Maroc, accusé de chercher à déstabiliser le pays. Cette théorie serait renforcée par la  normalisation des relations entre le royaume chérifien et Israël.

Cependant, comme le soulignent plusieurs observateurs, cette posture infantilisante envers les étudiants occulte la légitimité de leurs revendications. Les futurs médecins réclament en effet des améliorations concrètes de leurs conditions de stage, de meilleures perspectives d'emploi et une reconnaissance de leur statut.

Aucune communication officielle n'a été émise concernant l'arrestation présumée du Dr Debahi, laissant les proches et la communauté médicale dans l'expectative. Cette situation soulève de vives inquiétudes au sein du corps médical et universitaire, déjà fortement mobilisé par les revendications actuelles.

Les étudiants grévistes maintiennent leur mouvement malgré les pressions et les appels à la reprise des cours. L'interpellation présumée du Dr Debahi pourrait, selon certains observateurs, marquer une nouvelle étape dans la gestion de cette crise sociale majeure, dont les implications dépassent désormais le cadre strictement universitaire.

La Rédaction