L’interdiction de short, symbole d’un intégrisme qui se généralise
- cfda47
- 23 juil.
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« Entrée interdite aux citoyens habillés en short, mini-jupe ou tout autre habit irrespectueux ». Cette affiche, écrite en arabe, se généralise dans les centres de santé, banques et autres établissements publics. Elle est devenue un tract derrière lequel ne se cache pas une vertu, mais un diable qui exprime un intégrisme qui a gagné des pans entiers de la société algérienne et rappelle les mauvais souvenirs des années 1990.

Le plus problématique dans cette affaire est d’abord d’afficher une telle interdiction dans des établissements de santé. Cela signifie, en gros, que seuls ceux qui portent des « vêtements honorables » seront soignés. Autre que c’est une aberration et une atteinte à la vie privée des citoyens, un tel comportement est une violation du Serment d’Hippocrate. Un soignant, quelque-soit son rang et sa mission, se doit de soigner n’importe qui, nonobstant sa race, sa religion, son sexe ou sa couleur de peau, ou encore moins sa manière de s’habiller.
Au temps où les idées obscurantistes avancent dans la société, les gens se permettent donc d’exclure des soins une catégorie de citoyens. D’autres se permettent de ne pas soigner les patients du sexe opposé ; ainsi, des femmes n’auscultent pas des hommes et des médecins de sexe masculin évitent de prendre en charge des femmes. Cela rappelle un drame qui s’est produit il y a quelques années en Arabie Saoudite : un feu s’es déclaré dans un internat pour jeunes filles. Faute de personnel féminin, des secouristes ont refusé d’entrer dans l’enceinte parce que les filles étaient sensées être habillées en tenues légères. Résultat : plusieurs de ces pensionnaires ont péri dans l’indifférence quasi-générale, en grande partie à cause de la bêtise humaine.
Ce phénomène ne se limite pas aux centres de santé. Des établissements publics, à l’instar de certaines banques et autres administrations, ont adopté la même attitude, stigmatisant ainsi une catégorie de citoyens au détriment d’autres. Autre que cela désigne du doigt des citoyens, il encourage la propagation des idées rétrogrades dans la société.
Ce climat d’exclusion et de stigmatisation rappelle la triste période du début des années 1990. A cette époque, des partisans du Front islamique du Salut (FIS) se permettaient d’attaquer, parfois en utilisant de l’acide, des jeunes filles habillées en jean ou en jupe pour les obliger à porter le voile intégral. C’était « une police des mœurs », de l’intégrisme qui a conduit par la suite au terrorisme que l’Algérie a connu une décennie durant. Or, cette période doit servir de leçon pour que jamais ce genre de périodes sanglantes ne reviennent. C’est le rôle de tous : des concernés qui doivent se battre pour s’imposer, des responsables qui doivent réfléchir avant de prendre de telles décisions et surtout des institutions de l’Etat qui doivent rappeler qu’une seule loi s’impose dans le pays et non une jungle dans laquelle chacun fait ce qu’il veut.
E. Wakli



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