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La convention algéro-française de 1968: une coopération en matière de migration aujourd’hui vidée de son contenu

  • cfda47
  • 27 oct. 2024
  • 2 min de lecture
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Dans sa chronique politique sur la chaîne 3, M. Hacène Kacimi, expert en géopolitique et migration, s’est penché sur la convention bilatérale algéro-française de 1968, un accord qui a marqué l’histoire des relations migratoires entre l’Algérie et la France. S’interrogeant sur la portée de cet accord, M. Kacimi aborde son impact sur la libre circulation, telle que prévue initialement par les accords d’Évian.


Signée en 1968, la convention bilatérale algéro-française relative à la circulation, l’établissement et le séjour des Algériens en France avait suscité une vive opposition de l’extrême droite française. Selon Hacène Kacimi, cette opposition tenait à une crainte de migration massive vers la France.


Cependant, les accords d’Évian, qui avaient scellé la fin de la guerre d’Algérie en 1962, garantissaient le principe de libre circulation entre les deux pays.


« L’extrême droite française s’est farouchement opposée à cet accord dès sa signature en 1968, prétendant qu’il encouragerait une migration massive vers la France », rappelle M. Kacimi.


Malgré ce cadre de libre circulation, la convention de 1968 a introduit des restrictions pour limiter l’immigration algérienne à 37 000 travailleurs annuels.


Pendant les décennies suivantes, la main-d’œuvre algérienne a joué un rôle crucial dans la reconstruction économique de la France.


Pourtant, souligne Kacimi, cet apport n’a jamais été pleinement reconnu par la classe politique française. « La France a profité d’une force de travail bon marché, souvent reléguée dans des conditions précaires et mal rémunérées, notamment dans des bidonvilles comme celui de Nanterre », affirme-t-il.


Les Trente Glorieuses, marquées par une forte croissance économique, ont vu une demande accrue de main-d’œuvre. La convention de 1968, qui restreignait déjà la migration, servait avant tout les besoins économiques de la France en ouvrant ses portes aux travailleurs algériens pour pallier cette pénurie.


Les années 1980 marquent le début du démantèlement de cet accord. La première étape a été l’instauration du visa, à la fin de la décennie, signe d’une volonté politique de contrôler les flux migratoires. En 1985, face à une montée du chômage, Laurent Fabius décide de supprimer l’article premier de la convention de 1968, limitant à 35 000 le nombre de travailleurs algériens autorisés à entrer chaque année.


« Trois avenants en 1985, 1994 et 2001 ont continué à restreindre les droits des Algériens, vidant peu à peu la convention de son contenu initial », explique M. Kacimi. Si les facilités accordées aux Algériens ont été supprimées, des exceptions existent toujours pour les étrangers ayant des attaches familiales ou des statuts particuliers.


Selon les experts, cette convention, en grande partie démantelée, a peu d’impact sur les flux migratoires actuels. En 2023, environ 2 500 Algériens en situation irrégulière ont été expulsés de France vers leur pays d’origine, preuve de la fermeté des politiques actuelles.


Le ministre de l’Intérieur français prépare d’ailleurs une nouvelle loi sur la migration, bien que la loi « Asile et Immigration » de 2024, défendue par Gérald Darmanin, soit encore en cours de mise en œuvre.


« Ce qu’on peut reprocher aux autorités françaises, c’est l’utilisation excessive du profilage racial, qui conduit à des contrôles au faciès. C’est une atteinte aux droits humains et à la dignité », dénonce M. Kacimi.



Nadia B

 
 
 

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