La France face au chantier RN: «Français d'abord» à l'embauche
- cfda47
- 22 sept. 2024
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La proposition de préférence nationale à l'embauche du Rassemblement National (RN) s'inscrit dans une longue tradition de la droite nationaliste française. Récemment remise sur le devant de la scène par Marine Le Pen et Jordan Bardella, cette mesure vise à donner la priorité aux citoyens français lors des recrutements, tant dans le secteur public que privé.
Le cœur de cette proposition repose sur l'ajout de la nationalité comme critère de sélection pour tous les postes à pourvoir. Concrètement, le RN souhaite obliger les employeurs à privilégier les candidats français à « compétences égales ». Cette approche s'inspire partiellement des pratiques déjà en vigueur dans certains segments de la fonction publique, où la nationalité française est parfois requise.
Toutefois, le parti prévoit des exceptions pour les étrangers possédant des compétences « rares et nécessaires à la prospérité de l'économie française ». Cette nuance soulève d'emblée des questions sur la définition et l'évaluation de ces compétences spécifiques, laissant entrevoir de potentielles difficultés d'application.
La mise en œuvre de cette politique s'accompagnerait de mesures contraignantes pour les employeurs. Le RN propose notamment d'autoriser les candidats français s'estimant lésés à saisir la justice pour discrimination. Dans un tel cas, la charge de la preuve incomberait à l'employeur, qui devrait démontrer qu'aucun candidat français n'était disponible ou qualifié pour le poste en question.
Cette proposition soulève de nombreux défis juridiques et pratiques. Sur le plan légal, elle se heurte frontalement au droit européen et aux conventions internationales, qui proscrivent la discrimination fondée sur la nationalité. Le RN est conscient de cet obstacle et envisage une révision de la Constitution ainsi qu'une renégociation des traités européens pour permettre l'application de sa mesure.
D'un point de vue pratique, la mise en œuvre d'une telle politique soulève de nombreuses interrogations. Comment définir et évaluer objectivement des « compétences égales » ? Comment gérer efficacement les recours en justice potentiels sans paralyser le processus de recrutement ? Ces questions restent sans réponses claires et laissent présager des difficultés opérationnelles considérables.
Au-delà des aspects juridiques et pratiques, cette proposition du RN soulève des questions éthiques et sociétales profondes. En instaurant une discrimination légale basée sur la nationalité, elle risque d'exacerber les tensions sociales et de compromettre la cohésion nationale. De plus, dans un contexte de mondialisation et de compétition internationale pour les talents, une telle mesure pourrait nuire à l'attractivité économique de la France et à sa capacité d'innovation.
Il est également important de considérer l'impact potentiel sur les communautés étrangères déjà établies en France, y compris les résidents de longue durée et les personnes en voie d'intégration. Cette mesure pourrait créer un climat de méfiance et d'exclusion, allant à l'encontre des efforts d'intégration et de diversité.
Enfin, cette proposition soulève des questions quant à son efficacité réelle pour résoudre les problèmes d'emploi en France. Elle part du principe que le chômage est principalement dû à la concurrence de la main-d'œuvre étrangère, une hypothèse qui ne fait pas consensus parmi les économistes et qui néglige d'autres facteurs structurels du marché du travail français.
Sophie K.



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