“La peine de mort n'empêche pas les crimes” : Riposte Internationale appelle l'Algérie à maintenir son moratoire
- cfda47
- 22 oct.
- 2 min de lecture

Trente ans après la dernière exécution, des déclarations d’un magistrat relancent le débat sur un possible retour de la peine capitale en Algérie. L’ONG dénonce une “dérive institutionnelle” et exhorte les autorités à maintenir le moratoire en vigueur depuis 1993, alors qu'aucune clarification officielle n'a été apportée.
La perspective d’un retour à la peine capitale en Algérie fait réagir. L’ONG Riposte Internationale, basée à Montreuil (France), a dénoncé mardi une “dérive institutionnelle grave” après des déclarations attribuées à Mustapha Smati, président de la Cour de justice de Béjaïa, selon lesquelles la peine de mort serait “bientôt rétablie” pour certains crimes jugés “extrêmement dangereux”, comme les enlèvements d’enfants ou le trafic de drogue près des écoles. Ces propos, censés s’appuyer sur un engagement du président Abdelmadjid Tebboune lors de l’ouverture de l’année judiciaire, n’ont fait l’objet d’aucune clarification officielle à ce jour.
L’ONG rappelle que si la peine capitale demeure prévue dans le Code pénal algérien, aucune exécution n’a eu lieu depuis 1993. Le moratoire observé depuis trois décennies vaut à l’Algérie son statut “d’abolitionniste en pratique”. Les dernières exécutions, liées aux procès qui ont suivi l’attentat de l’aéroport d’Alger en août 1992, marquent une époque où la violence politique justifiait, aux yeux du pouvoir, les mesures d’exception. Depuis, les condamnations à mort n’ont plus été suivies d’effet, laissant entrevoir une lente évolution vers l’abolition de fait.
Pour Riposte Internationale, laisser planer aujourd’hui la possibilité d’un rétablissement formel serait un recul historique. L’organisation rappelle que seule la Présidence de la République ou le ministère de la Justice peuvent annoncer une orientation pénale aussi lourde de conséquences. Laisser un magistrat s’exprimer en ces termes “au nom de l’État” sans réaction officielle, c’est affaiblir la confiance des citoyens dans les institutions et mettre en cause l’indépendance de la justice.
L’ONG rejette aussi l’argument de la dissuasion. “La peine de mort n’empêche pas les crimes et ne supprime pas le risque d’erreurs judiciaires”, souligne-t-elle, en appelant les autorités à renoncer clairement à toute reprise des exécutions. Elle exhorte l’État algérien à réaffirmer son attachement au moratoire et à engager un dialogue transparent avec la société civile, les avocats et les magistrats, avant toute réforme pénale.
“La justice protège la vie humaine, elle ne l’ôte pas”, rappelle Riposte Internationale. L’organisation en appelle à la conscience des magistrats et des responsables publics, affirmant qu’ils doivent refuser toute compromission avec une pratique que le pays avait laissée derrière lui. Trente ans après la dernière exécution, elle estime que la société algérienne mérite une justice qui se renforce par le droit, non par la menace.
Sophie K.



Commentaires