La Tunisie à la croisée des chemins: la crise migratoire entre violences et défis
- cfda47
- 21 mars 2024
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Un an après les propos xénophobes du président Kaïs Saïed, la situation des migrants subsahariens en Tunisie est loin de s’améliorer. Alors que le pays se prépare pour l'élection présidentielle de 2024, les associations et ONG locales tirent la sonnette d'alarme sur la “normalisation des violations des droits humains” à l'encontre de cette population vulnérable.
Dans un communiqué accablant, une trentaine d'organisations, dont le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDS), dénoncent les agissements des autorités tunisiennes, qui semblent s'enfoncer dans une spirale de violations flagrantes des obligations en matière de respect des droits humains, malgré un renforcement de la coopération avec l'Union européenne sur les questions migratoires.
Une situation alarmante sur le terrain
Sur le terrain, le constat est saisissant. Des milliers de migrants subsahariens, victimes d'expulsions forcées l'été dernier vers les déserts frontaliers avec l'Algérie et la Libye, continuent de survivre dans des conditions précaires, sans abri ni accès à l'eau ou à la nourriture. Pire encore, des réseaux criminels profitent de cette vulnérabilité extrême pour se livrer à des enlèvements contre rançon, ajoutant ainsi une dimension supplémentaire à ce drame humain.
Selon Romdhane Ben Amor, porte-parole du FTDS, la situation “est encore pire qu'avant”. Des centaines de migrants sont contraints de se cacher dans les oliveraies ou de dormir dans des jardins publics, tandis que d'autres sont expulsés vers des péninsules isolées, loin des regards de la société civile et des journalistes.
La traversée de la Méditerranée, un pari risqué
Face à cette chasse à l'homme, de nombreux migrants subsahariens, qui travaillaient auparavant en Tunisie, tentent désespérément de rejoindre l'Europe par la voie maritime, malgré les risques élevés. Cependant, les autorités tunisiennes ont renforcé leurs contrôles maritimes depuis la signature d'un mémorandum avec l'UE, rendant les départs plus difficiles depuis les côtes tunisiennes.
En 2023, près de la moitié des 146 000 migrants arrivés par bateau en Italie étaient partis de Tunisie, au prix de 1 300 vies humaines perdues en mer. Une traversée toujours aussi périlleuse, avec une part croissante de non-Tunisiens parmi les embarcations interceptées.
Un défi majeur pour la Tunisie
La crise migratoire en Tunisie soulève des questions profondes sur le respect des droits humains et la capacité du pays à gérer cette situation complexe. À l'approche des élections présidentielles, les autorités sont confrontées à un défi de taille : trouver un équilibre entre la protection des droits des migrants et la préservation de la sécurité nationale, tout en respectant les engagements pris avec l'Union européenne.
La voie à suivre reste incertaine, mais une chose est sûre : la Tunisie se trouve à la croisée des chemins, et les choix qu'elle fera dans les mois à venir auront un impact durable sur sa réputation en matière de droits humains et sur sa capacité à gérer durablement cette crise migratoire.
Sophie K.



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