Le blé, symbole d’un divorce commercial entre l’Algérie et la France
- cfda47
- 16 sept.
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Les relations entre Paris et Alger traversent une zone de turbulences rarement égalée depuis les années 2000. Ce refroidissement diplomatique, alimenté par des divergences politiques et géostratégiques, a désormais des conséquences concrètes sur les échanges économiques entre les deux pays. Le secteur céréalier français, autrefois florissant grâce aux exportations vers l’Algérie, en paie le prix fort.
En 2018, l’Algérie importait plus de 5 millions de tonnes de blé français, faisant de la France son principal fournisseur. En 2025, ce chiffre est tombé à zéro : aucune tonne de blé français n’a été exportée vers l’Algérie. Cette rupture est directement liée à la reconnaissance par Paris de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, une décision qui a provoqué une crise diplomatique majeure.
Une fracture politique aux racines profondes
La tension s’est cristallisée autour de la reconnaissance par la France de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, une décision qui a profondément irrité Alger. Pour l’Algérie, cette position française constitue une atteinte à ses intérêts régionaux et à sa politique de soutien au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
En réponse, Alger a adopté une posture de repli stratégique, réduisant drastiquement sa coopération économique avec Paris. Le commerce bilatéral, autrefois dynamique, s’est vu freiné par des décisions politiques assumées.
Le blé français, victime collatérale
Le secteur le plus durement touché est sans conteste celui des céréales. En 2018, l’Algérie importait plus de 5 millions de tonnes de blé français, faisant de la France son principal fournisseur. En 2025, ce chiffre est tombé à zéro. Aucun navire français n’a accosté dans les ports algériens avec du blé à bord.
Cette rupture brutale a bouleversé les équilibres du marché. Les producteurs français doivent désormais se tourner vers d’autres marchés, notamment en Afrique subsaharienne et en Asie. Les ports céréaliers comme Rouen ou La Rochelle ont vu leurs volumes d’exportation chuter. La Russie et l’Ukraine ont profité de ce vide, renforçant leur présence sur le marché algérien.
Un impact économique massif
Selon les données du ministère français de l’Agriculture, les exportations agroalimentaires vers l’Algérie ont chuté de 98,6 % au premier semestre 2025. Le manque à gagner pour les céréaliers français est estimé à plusieurs centaines de millions d’euros.
Les coopératives agricoles, déjà fragilisées par les aléas climatiques et les coûts énergétiques, voient dans cette crise un coup dur supplémentaire. Certaines réclament une intervention de l’État pour compenser les pertes et faciliter l’ouverture de nouveaux débouchés.
Ce bras de fer diplomatique dépasse largement le cadre politique : il redéfinit les équilibres commerciaux en Méditerranée.
Vers une sortie de crise ?
Malgré les tensions, des voix s’élèvent des deux côtés pour appeler à une reprise du dialogue. Des diplomates français ont évoqué la possibilité d’un sommet bilatéral à l’automne, tandis que des responsables algériens ont laissé entendre que des gestes de réconciliation pourraient être envisagés si Paris reconsidérait certaines de ses positions.
Yacine M



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