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Le FFS alerte sur “le pari du pire” et appelle à une refondation démocratique

  • cfda47
  • 9 nov.
  • 5 min de lecture
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La publication d'un communiqué du Conseil national du Front des Forces Socialistes, début novembre, met le pouvoir sous pression. Immobilisme politique, gestion sécuritaire au détriment du dialogue, déni des réalités... Le réquisitoire est sévère pour un système accusé de “parier sur le pire”.  


Le FFS traversait déjà une phase de tension avec le pouvoir depuis plusieurs mois. La tenue de sa session ordinaire du Conseil national, en ce mois de novembre chargé de symboles, achève de cristalliser les positions. Fermeture du champ politique, priorité donnée au contrôle sécuritaire au détriment de l'ouverture démocratique, absence de dialogue avec la société... Le communiqué est un réquisitoire sans équivoque contre la gouvernance actuelle. Ainsi que contre ses illusions de maintenir la stabilité par la force plutôt que par le consentement. La charge est si directe qu'on peine parfois à reconnaître à travers les lignes ce pays qui aspire au changement démocratique depuis des décennies.  


Le document a été rédigé dans un contexte de tensions géostratégiques croissantes aux frontières du pays. Mais sa publication lui donne un écho et une visibilité considérables. Lors de sa diffusion, les observateurs politiques y ont vu un tournant dans le discours de l'opposition historique. Le parti présidé par Youcef Aouchiche ne mâche plus ses mots.  


“Le système se nourrit de notre démission”  


Tandis que les menaces se précisent et que les incertitudes s'amplifient, le pouvoir, retranché dans la fermeture, l'immobilisme et le déni des réalités, persiste et campe sur ses positions de gestion unilatérale et sécuritaire des affaires du pays”, écrit le FFS dans son communiqué.  


Selon le parti, cette approche “étouffe les aspirations légitimes au changement et compromet toute perspective d'évolution sereine et constructive du pays et de la société”. Si les tensions politiques ont jeté une lumière crue sur la fracture entre le pouvoir et une partie de la société, le FFS se penche aussi sur les conséquences à long terme de cette gestion. Les institutions vidées de leur substance démocratique, le dialogue politique inexistant, la participation citoyenne réduite à sa plus simple expression, autant de dossiers délaissés ces dernières années.  


Le communiqué martèle trois fois les conséquences de l'immobilisme : “Continuer dans cette approche, c'est exposer le pays à tous les dangers et à l'instabilité. Continuer dans cette approche, c'est ouvrir la voie à toutes les ingérences. Continuer dans cette approche, c'est parier sur le pire.”  


Alors, certes, le FFS rappelle que le pays traverse “l'une des étapes les plus sensibles et les plus charnières de son histoire”, avec des “fragilités internes” et des “pressions ainsi que des risques extérieurs”. Mais pour le parti, la réponse ne peut être uniquement sécuritaire.  


Le système politique est décrit comme “institutionnalisé dans la peur du changement et la méfiance envers la société”. “Il est peu fiable et insuffisant", pourrait résumer le diagnostic du FFS sur le mode de gouvernance actuel.  


Un projet de refondation, pas de destruction  


Les critiques du FFS viennent en appui d'une vision alternative claire. “Notre ambition n'est pas de détruire, mais de construire. Non pas de diviser, mais de rassembler”, affirme le parti, qui propose une “estimation structurelle” des problèmes : un système politique inadapté, un sous-équipement démocratique des institutions, une gouvernance non “adaptée” aux aspirations citoyennes, et des mécanismes de représentation “totalement obsolètes”.  


En toile de fond, le FFS a également dans le viseur les prochaines élections législatives et locales. Annoncées par le pouvoir ces derniers mois, elles sont présentées par le parti comme une opportunité de rupture. “Une mobilisation citoyenne consciente, lucide et organisée, à l'occasion des prochaines élections législatives et locales, peut marquer le point de rupture entre la politique de la force et la force de la politique.”  


Cette stratégie, ambitieuse, nécessite des études préalables, qu'il s'agisse d'une refonte institutionnelle, de définition des besoins démocratiques réels, d'évaluations du fonctionnement des assemblées élues”, affirme le parti. Le projet politique qu'il porte, “porteur de nombreux espoirs”, vise à installer “des assemblées qui parlent réellement au nom du peuple, qui contrôlent le pouvoir exécutif, qui défendent la justice, qui pensent la réforme dans le seul intérêt national”.  


Certes, le FFS reconnaît que “la tâche est ardue”, en admettant que “la complexité de la conjoncture, la nature du système, la fragmentation du champ politique et les fractures sociales rendent le défi immense”. Il compte néanmoins s'appuyer sur la mobilisation citoyenne et le désir de changement pour construire son alternative.  


Qu'importe, il faut, suggère le parti, “hiérarchiser les priorités” : installer de véritables assemblées populaires, réduire la gestion sécuritaire des affaires publiques, ainsi que redonner la parole aux citoyens. “Changer, de notre point de vue, c'est repenser en profondeur nos institutions, nos modes de gouvernance, nos politiques publiques et notre manière de faire société.”  


Selon le parti, le pouvoir n'est pas le seul responsable de cette situation. “Ce système se nourrit de la politique de la chaise vide, de notre démission collective et de notre indifférence, qui constituent ensemble une abdication de la responsabilité citoyenne et civique”, écrit le FFS, appelant les Algériens à ne plus “jouer tout leur rôle” de spectateurs passifs.  


“L'histoire ne s'écrit pas avec le renoncement”  


Le communiqué du FFS aboutit à une interpellation directe des citoyens. “Voulons-nous nous mettre à l'écart et subir, ou nous impliquer et construire ?”, questionne le document. La direction du parti “approuve” l'idée que le changement passe par l'engagement citoyen, tout en soulignant que “le FFS est un parti hors norme, au caractère unique, dont il faut analyser l'action sur le temps long”.  


Attaqué sur sa stratégie de participation aux prochaines élections, que certains au sein de l'opposition jugent illusoire, le FFS en réaffirme la nécessité. “Il ne s'agit pas de tout renverser, mais de refonder, ensemble, notre État national et notre socle commun”, martèle-t-il. “L'histoire ne s'écrit pas avec le renoncement, mais avec l'implication effective dans la construction de notre destin commun.”  


Sous le feu des critiques depuis des années pour son positionnement politique parfois jugé ambigu, assailli de questions sur sa capacité à incarner une alternative crédible, le président du FFS, Youcef Aouchiche, a convoqué cette session ordinaire du Conseil national en novembre. À l'ordre du jour : la stratégie du parti face aux échéances électorales et la situation politique générale.  


Le parti, qui compte des milliers de militants, veut créer “une nouvelle dynamique démocratique au niveau de l'opposition”. Il devra démontrer sa capacité à mobiliser au-delà de ses bases traditionnelles et à incarner “la locomotive de l'opposition patriotique, démocratique et progressiste”. Les grandes manœuvres politiques ne font que commencer.  

 

Amine B.

 
 
 

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