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Le Hirak persécuté : entre mémoire confisquée et jeunesse désespérée

  • cfda47
  • il y a 23 heures
  • 2 min de lecture
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La condamnation de Mohamed Tadjadit à une nouvelle peine de 5 ans de prison ferme -la cinquième en 6 ans- sonne comme un rappel de vaccin à un corps algérien anesthésié : Non, le hirak n’a pas été béni, pas plus que l’envie exprimée par des millions d’Algériens sortis manifester en 2019, semble nous dire le pouvoir algérien pour qui le hirak béni est devenu "le hirak maudit". Il ne lâche plus rien, plus personne : toutes les figures, politiques ou populaires, du Hirak sont persécutées. Tous ceux qui ont symbolisé, à un moment ou un autre, l’esprit de ce mouvement et surtout sa continuité ont subi les affres d’une justice aux ordres, d’une justice inhumaine.


Mohamed Tadjadit, 31 ans, n’a pourtant aucune autre ambition politique que celle de voir l’esprit du Hirak aboutir. C’est pourtant son droit de citoyen. Tout comme les frères Riahi, Brahim Laalami et d’autres, il a voulu poursuivre le combat même lorsque d’autres militants et activistes ont renoncé. C’est bien qu’après chacune de ses libérations, souvent suite à une grâce présidentielle, il « récidive » en écrivant sur les réseaux sociaux ce qu’il avait sur le cœur. Un être entier qui ne fait pas trop de calculs.


Au-delà du cas Tadjadit, qui est devenu un emblème malgré lui, c’est la notion de la liberté qui est interrogée. « Qu'un poète soit jugé en novembre révèle un dilemme plus profond : un pouvoir qui ne parvient pas à écouter les voix de ses enfants, comme si cela lui rappelait toujours la distance entre l'héritage proclamé et le présent brisé. Comment un pays libéré par le courage de sa jeunesse peut-il craindre l'expression de ses enfants ? », note le poète et journaliste Adel Sayad, qui fait partie des rares personnalités publiques qui se solidarisent encore publiquement des détenus d’opinion.


L’emprisonnement des activistes, la prononciation de lourdes peines de prison contre certains d’entre eux et, plus grave encore, le maintien en détention de dizaines d’autres personnes -l’exemple de Mira Moknache arrêtée en juillet 2024 et sans procès pour l’instant est éloquent- qui sont en prison sans jugement, sont l’expression d’un échec collectif : évidemment celui du pouvoir qui n’a d’autres solutions à proposer aux Algériens que la prison, la répression et le harcèlement des activistes. Mais c’est aussi l’échec de la société algérienne dans son ensemble et de l’opposition politique -ou ce qui en reste- en particulier parce qu’elle a été incapable d’imposer le changement et surtout d’apporter des solutions face à l’impasse face à laquelle est arrivé le pays. C’est un double échec parce que cela pousse les jeunes algériens à désespérer ; parce que cela crée une désespérance et un désengagement de la sphère politique qui sera désormais laissée aux seuls tenants du pouvoir et leurs soutiens. On va laisser ce pays entre les mains de ses fossoyeurs  !



Essaïd Wakli

 
 
 

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