"Le Mali" prend le large : une flottille maghrébine en route vers Gaza
- cfda47
- 16 sept.
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Sidi Bou Saïd, 15 septembre 2025 — À 21h précises, le bateau algérien Le Mali, surnommé Deir Yassin, a quitté le port de Sidi Bou Saïd sous les applaudissements discrets d’un petit groupe de soutiens. À son bord, une vingtaine de passagers venus d’Algérie, de Tunisie, du Maroc, de Mauritanie, mais aussi d’Irlande, des États-Unis et du Royaume-Uni. Tous partagent un même objectif : briser le blocus de Gaza et acheminer un message de solidarité à travers les eaux internationales.
Le départ du bateau Le Mali, surnommé Deir Yassin, marque une étape symbolique et stratégique dans la mobilisation citoyenne internationale en faveur de Gaza. Parti de Sidi Bou Saïd, ce navire algérien embarque une vingtaine de personnes de diverses nationalités — maghrébines et occidentales — unies par une même volonté : briser le blocus imposé à Gaza et acheminer une aide humanitaire.
Une initiative transnationale
Ce départ s’inscrit dans le cadre de la Global Sumud Flotilla, une coalition maritime qui rassemble des bateaux partis de Barcelone, Gênes, Marseille et Tunis. Le mot Sumud, qui signifie « résilience » en arabe, incarne l’esprit de cette mobilisation : résister pacifiquement à l’oppression, en affirmant la dignité des peuples.
Cette initiative regroupe des militants de 44 pays et représente l’une des plus vastes tentatives de désobéissance civile maritime depuis le début du blocus israélien. Parmi les passagers du Mali, on retrouve plusieurs coordinateurs de l’initiative maghrébine, dont Marouan Ben Guettaia, militant algérien engagé dans les luttes transfrontalières pour les droits humains. Le choix du surnom Deir Yassin — en référence au massacre de 1948 — donne au navire une charge symbolique forte, rappelant les racines historiques du conflit israélo-palestinien.
Des tensions en mer
La traversée n’est pas sans danger. Deux autres bateaux de la flottille, Family et Alma, ont été la cible de drones armés dans les eaux tunisiennes, provoquant des incendies rapidement maîtrisés. Ces attaques, non revendiquées, visent clairement à intimider les équipages et à entraver leur progression vers Gaza.
Malgré cela, les membres de la flottille restent déterminés. « Nous savons que nous risquons l’interception, voire l’arrestation, mais notre devoir est moral », confie une militante irlandaise à bord du Mali. « Ce n’est pas une provocation, c’est une réponse humaine à une situation inhumaine. » Ce départ est bien plus qu’un mouvement logistique : c’est un acte de résistance pacifique, une déclaration de solidarité et un appel à la justice.
Une mobilisation qui dépasse les frontières
Le départ du Mali est salué par plusieurs organisations de la société civile maghrébine et européenne. Des rassemblements de soutien sont prévus à Alger, Tunis, Rabat et Paris dans les jours à venir, à l’approche de la Journée internationale de solidarité avec Gaza.
Ce mouvement maritime s’inscrit dans une tradition de désobéissance civile non violente, à l’image des précédentes flottilles comme celle de 2010, tristement célèbre pour l’attaque du Mavi Marmara. Mais cette fois, la mobilisation est plus large, plus diverse, plus résolue.
Une mer de courage
Alors que Le Mali fend les vagues vers les eaux internationales, il emporte avec lui l’espoir d’un peuple assiégé, la voix de ceux que l’on tente de faire taire, et le courage de celles et ceux qui refusent l’indifférence. Dans un monde fracturé, cette flottille rappelle que la solidarité peut encore naviguer librement — même au milieu des tempêtes.
Nadia B



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