Lorsque le droit au logement devient un objet de la colère
- cfda47
- 12 juin
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Dernière mise à jour : 13 juin

A l’ombre de l’actualité internationale, des Algériens continuent de souffrir. Certains dans le silence, pendant que d’autres laissent éclater leur colère, même au risque de leurs vies.
Mercredi 11 juin, deux communes de Mostaganem, Mazagran et Salamandre, ont vécu des scènes habituelles pour des milliers d’Algériens.
Après une longue, parfois trop longue attente, les municipalités ont dédié, enfin, d’afficher la liste des bénéficiaires des logements sociaux.
Cela a évidemment fait des heureux, des dizaines de familles qui trouvent enfin un toit salubre et quittent promiscuité et indignité. Mais cela fait, également et surtout des mécontents.
Dans la petite commune agricole de Mazagran, qui surplombe la ville de Mostaganem qui ne cesse de s’étendre, le nombre de logements offert est infiniment inférieur aux demandes, dont le chiffre dépassé 2000. Forcément, les déçus se comptent par centaines.
Certains acceptent leur sort, d’autres attendent désespérément le recours. D’autres, en revanche, ont laissé éclater leur colère.
Un témoin rapporte qu’un vieux monsieur a tenté de s’immoler par le feu devant les autorités locales qui ont tenté de calmer les mécontents. Cet acte de désespérance est plus lié à un sentiment d’injustice qu’à celui de la déception.
Car, en plus de ne pas figurer sur la liste des bénéficiaires parce qu’objectivement le nombre de demandes est largement supérieur aux offres ce qui pousse les autorités à faire le tri, certains citoyens recalés se plaignent du favoritisme qui fait que des personnes qu’ils connaissent ont pu obtenir un toit même s’elles ne sont pas dans le besoin ou, du moins, elles ne sont pas prioritaires.
Politique défaillante
Ce sentiment d’injustice, voir de hogra et de favoritisme et d’absence de transparence, pousse des citoyens vers des actions extrêmes. Mais au-delà de ce constat, souvent aidé par la paresse intellectuelle, il faut souligner que la principale raison de cette situation est d’abord la politique du logement instaurée en Algérie depuis de très longues années. Etat-Providence par excellence, l’Algérie a certes distribué des logements quasi-gratuitement. Mais cela crée un effet inverse : des Algériens, même ceux qui ont les moyens de louer ou d’acheter leur propre demeure, comptent trop sur l’Etat pour se loger.
Cette attente crée des frustrations. Pire ; lorsque dans les pays occidentaux, le logement social n’est attribué que pendant que le citoyen n'a pas les moyens de se loger à ses frais, cette aide devient un bien acquis à vie pour les Algériens qui peuvent garder ce logement même si leur situation financière s’améliore sensiblement. Cela fait que l’Etat est dans l’incapacité de satisfaire les nouvelles demandes puisque les logements sociaux déjà attribués ne reviennent jamais dans le parc national.
A cela s’ajoute un autre mal algérien : les retards s’accumulent dans la réalisation des chantiers d’habitations. A titre d’exemple, des projets lancés en 2014 pour la construction de logements AADL ne sont toujours pas achevés dans différentes régions du pays. Cela crée des tensions, des frustrations et parfois des actes désespérés. Et fait perdre la confiance dans les institutions de l’Etat.
E. Wakli



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