Dans un jeu géopolitique aussi subtil que controversé, le Maroc semble orchestrer une nouvelle stratégie migratoire, utilisant ses propres enfants comme pions sur l'échiquier des relations internationales. L'Association Marocaine des Droits Humains (AMDH), section de Nador, lève le voile sur ce qu’elle perçoit comme de tactique de Rabat pour maintenir sa pression sur l'Europe, et plus particulièrement sur l'Espagne.
Le timing ne saurait être plus révélateur. Dix jours après la visite du Premier ministre espagnol en Mauritanie, au Sénégal et en Gambie pour signer des accords migratoires, le Maroc a apparemment déclenché une vague sans précédent de mineurs tentant de franchir les frontières de Ceuta et Melilla. « Qui peut accepter le partage du gâteau à quatre et perdre une carte de pression irremplaçable ? » s'interroge rhétoriquement l'AMDH Nador sur sa page Facebook, suggérant que le royaume chérifien refuse de voir son influence diminuer dans la gestion des flux migratoires.
Une mise en scène troublante
Contrairement aux pratiques habituelles de discrétion entourant les tentatives de migration, ces mouvements récents de mineurs marocains ont été annoncés publiquement sur les réseaux sociaux. L'AMDH Nador souligne l'incongruité de la situation. « Comment peut-on concevoir que des personnes qui veulent traverser une frontière très sécurisée le disent à haute voix et en plein jour en fixant le jour ? », s’interroge l’association. Cette transparence inhabituelle laisse penser à une orchestration délibérée, transformant ces jeunes en acteurs involontaires d'un spectacle politique.
Les frontières comme vitrine de démonstration
« Nous avons toujours dit à l'AMDH Nador que les frontières étaient utilisées par le Maroc comme des vitrines de présentation de quoi il est capable de faire », affirme l'association. Cette mise en scène macabre, où des mineurs vulnérables sont confrontés à un déploiement massif de forces de l'ordre, semble conçue pour envoyer un message clair aux observateurs européens : le Maroc reste un acteur incontournable dans la gestion des flux migratoires.
Un appel à la conscience
L'AMDH Nador conclut son analyse par un appel poignant : « Laisser tranquille notre enfance et jeunesse loin de vos petits calculs ». Cette supplique met en lumière le coût humain de ces manœuvres politiques, où l'avenir et la sécurité des jeunes marocains sont sacrifiés sur l'autel des intérêts diplomatiques.
Dans ce ballet géopolitique complexe, le Maroc semble jouer une partition dangereuse, instrumentalisant sa propre jeunesse pour maintenir son influence régionale. Cette stratégie, si elle s'avère efficace à court terme pour attirer l'attention et les fonds européens, pose de sérieuses questions éthiques et pourrait à long terme entacher durablement l'image du royaume sur la scène internationale.
Sophie K.