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Merzouk Touati porte plainte à l’ONU : l’Algérie interpellée pour "torture"

  • cfda47
  • il y a 1 heure
  • 4 min de lecture

Le cas de Merzouk Touati, blogueur et journaliste algérien, incarne de manière alarmante les entraves à la liberté d’expression et les atteintes aux droits fondamentaux en Algérie. Son parcours, marqué par la répression, les violences et les procédures judiciaires controversées, illustre un climat généralisé d’intimidation envers les voix critiques. Touati affirme avoir été torturé lors de sa garde à vue par des agents de la BRI : coups, décharges électriques, menaces contre sa famille, et obligation de signer des procès-verbaux sans les lire. Sa plainte déposée en août 2024 a été classée sans suite en octobre, faute de preuves selon le procureur.


Face à l’absence de réponse judiciaire en Algérie, il a saisi le Comité contre la torture des Nations Unies, qui a officiellement interpellé l’État algérien en juin 2025. Le comité a demandé des explications dans un délai de six mois et exigé des garanties de protection contre d’éventuelles représailles. Ce cas est désormais considéré comme l’un des plus préoccupants par les rapporteurs onusiens, notamment en raison des violations présumées des droits de la défense, de la liberté d’expression et de l’intégrité physique.

« La détention arbitraire de Merzoug Touati est la conséquence directe de l’exercice de ses libertés de conscience, d’opinion et d’expression. Elle a lieu dans un climat général de négation des libertés fondamentales individuelles et collectives en Algérie. » — FIDH

Merzouk Touati : chronique d’une répression ciblée en Algérie

Merzouk Touati a été arrêté le 1er août 2024 à Béjaïa, par des agents en civil. Aucune convocation judiciaire, aucun mandat : l’enlèvement a tout du scénario extrajudiciaire.


Conduit au siège local de la BRI (Brigade de recherche et d’intervention), il y subit une garde à vue prolongée dans des conditions dénoncées comme inhumaines. Selon ses déclarations ultérieures, il aurait été frappé, soumis à des décharges électriques, humilié, et forcé à signer des procès-verbaux sans pouvoir les lire.

« Ce harcèlement judiciaire est révélateur de la répression systématique que subissent les journalistes, les avocat·es et bien d’autres acteur·rices de la société civile algérienne depuis le Hirak. » — OMCT

Un procès expéditif, des accusations politiques

Jugé le 19 janvier 2025, Merzouk Touati est condamné à deux ans de prison ferme et à 50 000 DA d’amende. Les chefs d’accusation — « atteinte à corps constitué », « propagation de fausses nouvelles », « entrave au vote » et « atteinte à l’image du président » — révèlent une tendance claire à criminaliser l’opinion. Aucune preuve solide n’a été produite durant le procès, selon ses avocats. La procédure, qualifiée d’« expéditive » par l’Observatoire pour la protection des défenseur·es des droits, aurait violé son droit à un procès équitable.

« Il a reçu des coups de bâton, des coups de poing, des décharges électriques, y compris sur des zones sensibles, alors qu’il était menotté. Il a été contraint de signer des procès-verbaux sans pouvoir les lire. » — Riposte Internationale

Recours international : le Comité contre la torture saisi

Face à l’absence de réponse de la justice nationale, Touati a décidé de porter plainte à l’échelle internationale. En juin 2025, son dossier est officiellement pris en charge par le Comité contre la torture des Nations Unies, qui interpelle l’État algérien et exige des explications sous six mois. Le comité demande également des garanties contre toute représailles, alors que des proches du journaliste ont rapporté des actes d’intimidation.


Si l’Algérie ne répond pas dans les délais impartis aux sollicitations du Comité contre la torture des Nations Unies concernant le cas de Merzouk Touati, cela constitue un acte de non-coopération qui peut avoir des répercussions diplomatiques notables.


Bien que le Comité n’ait pas de pouvoir coercitif direct, son rôle de surveillance permet de mettre en lumière le manquement d’un État à ses obligations internationales. En ce sens, l’Algérie pourrait être publiquement désignée comme un État réfractaire au dialogue sur les droits humains, ce qui affaiblirait sa position lors des examens périodiques universels ou dans d'autres instances onusiennes.


Ce silence enverrait également un signal négatif aux victimes et à la société civile, en renforçant le sentiment d’impunité des auteurs de violations et en décourageant d’autres recours internationaux.


Enfin, ce refus de collaboration alimente l’idée d’un système judiciaire inféodé au pouvoir politique, peu enclin à se soumettre à l’examen indépendant d’organes internationaux. En somme, même si aucune sanction directe ne serait automatiquement appliquée, les conséquences en termes d’image, de légitimité diplomatique et de mobilisation internationale peuvent être lourdes et durables.


Le non-respect des obligations de réponse peut affaiblir la position de l’Algérie dans d’autres procédures internationales, notamment devant le Comité des droits de l’Homme ou le Groupe de travail sur les disparitions forcées.


En résumé, même si le Comité ne peut pas imposer de sanctions directes, son rôle de veille et de dénonciation publique peut avoir un impact réel sur l’image diplomatique de l’Algérie et sur la mobilisation des acteurs internationaux.


Un cas emblématique d’un système coercitif

Merzouk Touati n’en est pas à sa première arrestation. En 2017, il avait déjà été condamné à 10 ans de prison (réduits à 5 en appel) pour une interview en ligne avec un responsable israélien. À chaque étape, sa liberté d’expression a été étouffée par un appareil répressif qui n’hésite pas à instrumentaliser les lois sécuritaires pour museler toute dissidence.


Son sort symbolise celui de nombreux autres journalistes et activistes pris dans les filets d’un système judiciaire sous influence politique, où les garanties constitutionnelles restent lettre morte.


La rédaction

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