Mines algériennes : l'opposition dénonce un « pillage légalisé » par la nouvelle loi
- cfda47
- 26 juil.
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L'Algérie bradée aux multinationales ? Trois partis d'opposition fustigent une loi qui ouvre les mines nationales aux investisseurs étrangers à hauteur de 80%, dénonçant une « dénationalisation anticonstitutionnelle ».
Le timing ne pouvait être plus symbolique. Alors que l'Algérie célébrait le 63e anniversaire de son indépendance, le Parlement adoptait une loi minière que l'opposition qualifie de « néfaste pour le pays et les générations à venir ». Dans un communiqué commun publié le 26 juillet, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), le Parti des travailleurs (PT) et Jil Jadid dénoncent une « dénationalisation pure et simple » du secteur minier.
La nouvelle législation bouleverse l'architecture du secteur en supprimant la règle du 51/49 qui garantissait le contrôle étatique. Désormais, les partenaires privés étrangers pourront détenir jusqu'à 80% des parts, reléguant l'État algérien à une participation minimale de 20%. Une révolution législative que les trois partis considèrent comme un retour en arrière historique.
« Cette loi extrait le secteur des mines de la propriété collective de la nation, pourtant inaliénable, telle qu'énoncée dans l'article 20 de la Constitution », dénoncent les signataires. Les contrats de concession, d'une durée de 30 ans renouvelables, cessibles et hypothécables, ouvrent selon eux « la voie à l'entrée d'acteurs dits investisseurs, incontrôlables, y compris des entités hostiles au pays ».
« Que vaut la propriété de la terre sans les richesses qu'elle recèle ? »
L'opposition puise ses arguments dans l'histoire récente du pays. Elle rappelle l'expérience traumatisante de la dénationalisation menée par Chakib Khelil en avril 2001, qui avait abouti selon elle à un « pillage étranger ». Les mines de Ouenza et Boukhadra à Tébessa, exploitées par Mittal Steel puis ArcelorMittal, ainsi que la mine d'or d'Amesmessa à Tamanrasset par la société australienne GMA, sont citées en exemple.
« Ces pseudo-investisseurs ont organisé un siphonage criminel de nos richesses minières et des fonds publics, sans aucune contrepartie en matière d'investissements », accusent les trois formations politiques. Elles pointent l'état de « délabrement total » dans lequel ces exploitations ont été laissées, nécessitant l'intervention de l'État pour leur sauvetage.
L'argument environnemental complète cette charge. Les signataires rappellent que « les multinationales qui exploitent les richesses minières ne cherchent que le profit » et ne respectent « ni les lois nationales en matière de protection de l'environnement et de sauvegarde des ressources hydriques, ni les normes internationales ».
La dimension géopolitique n'est pas oubliée. Dans un monde où « la prédation des richesses minières est érigée en système au profit des multinationales », l'Algérie dispose pourtant d'atouts considérables : terres rares, métaux précieux, ressources diversifiées très convoitées. Ces richesses pourraient constituer « une source de recours importante face aux chocs pétroliers imprévisibles », plaident les opposants.
L'ironie de la situation n'échappe pas aux signataires : « Depuis sa nationalisation en 1966, le développement du secteur des mines a été le produit exclusif des efforts déployés par l'État algérien ». Aujourd'hui encore, l'État investit « des sommes colossales » dans les infrastructures nécessaires. « Est-il concevable que tous ces avantages profitent aux investisseurs étrangers, au détriment des intérêts du peuple algérien ? », interrogent-ils.
L'opposition craint un effet domino. Elle redoute que « la dénationalisation des mines entraîne automatiquement celle des hydrocarbures, comme cela s'est produit en 2005 ». Une perspective qui plongerait le pays dans « un retour à l'endettement extérieur », liquidant les acquis socio-économiques.
Face à cette loi qu'ils jugent « anticonstitutionnelle et antinationale », RCD, PT et Jil Jadid interpellent directement le président Abdelmadjid Tebboune. Ils lui demandent, « en sa qualité de garant de la Constitution », de « geler cette loi en s'abstenant de la promulguer ». Un appel solennel qui témoigne de l'ampleur des enjeux pour l'avenir énergétique et minier de l'Algérie.
Amine B.



Il faut les soutenir et soumettre la loi au débat public