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Mohamed Arroudj, le cri d’un homme debout : quand l’amour des siens devient une résistance quotidienne

  • cfda47
  • 25 juin
  • 2 min de lecture
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À 59 ans, Mohamed Arroudj vit une réalité aussi invisible qu’inacceptable. Enseignant de français pendant des années au Québec, écrivain engagé, mari et père de trois enfants, il affronte aujourd’hui une maladie neuro-dégénérative évolutive qui exige une surveillance constante. Une trachéotomie complique encore son quotidien, exigeant une prise en charge médicale permanente. Pourtant, malgré la gravité de sa situation, le soutien institutionnel reste largement insuffisant.


Les services sociaux ne couvrent qu’une partie des soins indispensables. Le reste, c’est sa famille — son épouse, ses enfants — qui le porte à bout de bras, jusqu’à l’épuisement. Une fatigue qui n’est ni morale ni affective, mais physique, logistique, interminable. Alors, avec pudeur et lucidité, Mohamed a pris une décision qu’il aurait souhaité éviter : faire appel à des personnes extérieures pour soulager ses proches.


Un choix dicté non par le confort, mais par la survie d’un équilibre familial déjà fragile. « Ce n’est jamais par plaisir qu’on y arrive », précise-t-il. « Mais je ne peux plus laisser mes proches se consumer en silence. »


Face à cette impasse, deux options inacceptables lui sont imposées : rejoindre un centre inadapté à ses besoins, ou envisager le suicide assisté. Des choix qu’il refuse avec force, au nom de sa dignité et de son droit à vivre chez lui, dans un environnement familier et aimé, entouré de ceux qui font sens. Il ne demande pas l’impossible : simplement qu’on lui donne les moyens de vivre dignement à domicile, en complétant lui-même les frais, notamment grâce à une cagnotte solidaire et à ses revenus mensuels.


Une vie d’engagement et d’écriture

Jusqu’à ce que la maladie le rattrape, Mohamed Arroudj était un passeur de savoir et de mots. Il enseignait le français dans le secondaire, avec la passion de ceux qui croient à la transmission. Il est l’auteur de deux ouvrages : un recueil de nouvelles fantastiques et un roman bouleversant, L’Aube des Damnés.


Dans ce récit inspiré de Gaza, Mohamed donne la parole à Anouar, un jeune survivant errant dans une ville dévastée. L’errance, la fraternité, l’engagement social et la résilience s’y déploient avec une force littéraire rare. Il poursuit aujourd’hui, malgré la maladie, l’écriture de son deuxième roman — parce que la création est aussi une forme de résistance.


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Un appel à la solidarité et au respect

Son cri n’est ni une plainte, ni un renoncement. C’est un refus de l’abandon, un appel à la considération. Il tend la main à celles et ceux qui pourraient l’aider, notamment via les réseaux sociaux, en cherchant des personnes capables d'assurer une présence bienveillante à ses côtés. Mais il espère également que son histoire, loin d’être un cas isolé, fasse résonner une question plus universelle : que vaut une vie si elle n’est plus respectée dans sa fragilité ?


Il en vient même à envisager, à contrecœur, une demande de rapatriement vers l’Algérie, pour finir ses jours auprès des siens, si aucune solution humaine n’est trouvée ici. « Je vis dans la terreur, dit-il. Des pièges me sont tendus pour me forcer à des choix que je ne veux pas. »


Mohamed Arroudj ne demande ni faveur ni compassion. Il réclame ce que chaque citoyen devrait pouvoir attendre de la société : être écouté, respecté, et accompagné sans être dépossédé de sa liberté.


La rédaction

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