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Mort en silence : l’affaire Tarek Bouslama, symbole d’un système en crise

  • cfda47
  • il y a 7 jours
  • 2 min de lecture

En détention provisoire depuis plus de 26 mois, l’ancien directeur général du groupe public Imetal (sidérurgie) Tarek Bouslama est mort, jeudi, à Alger. Il est décédé au sein du Centre hospitalier Mustapha-Bacha sans pouvoir répondre à la justice pour dire "sa" vérité.


Arrêté il y a plus de deux ans dans une affaire liée à la mauvaise gestion et à des soupçons de corruption au sein du complexe sidérurgique d’El-Hadjar (Annaba), Tarek Bouslama, quinquagénaire, avait été auditionné par le juge près le tribunal spécialisé dans les affaires financières de Sidi-M’hamed, à Alger. Depuis, le défunt a été oublié dans les cellules de la prison d’El-Harrach. Ne supportant pas les conditions de détention, il est tombé malade. Il a succombé à son transfert à l’aile carcérale de l’hôpital.


Au-delà des faits et du dossier judiciaire sur lequel nous ne saurons pas grand-chose puisque Tarek Bouslama ne sera plus là pour répondre à ses accusateurs, ce drame -c’en est un- rappelle une nouvelle fois les ravages de la détention provisoire. Dans ce cas, comme dans d’autres situations similaires, on se pose la question sur cette propension de l’autorité judiciaire à mettre les gens en prison de manière provisoire et les y laisser pour de longues, de très longues périodes. Sommes-nous face à des actes de vengeance ? Des règlements de compte ?


Il est difficile de répondre à ces questions. Mais il est évident qu’une justice basée sur le droit ne tue pas. Une justice gérée par des hommes ne poussent pas les justiciables dans les bras de l’injustice. Une application du droit ne crée pas un sentiment d’injustice parmi les populations ou parmi les justiciables.


Ce n’est malheureusement pas la première fois qu’un justiciable est mort en prison alors que rien ne justifie sa présence dans ces lieux, du moins pas avant d’être condamné. D’anciens dirigeants de sociétés publiques (dont d’anciens d’El-Hadjar) sont décédés en détention, souvent avant d’être jugés. Étaient-ils coupables ? On ne le sait pas forcément puisqu’ils n’avaient pas le temps de se défendre même si certains d’entre eux ont été condamnés post-mortem.


En plus des ravages de l’utilisation abusive de la détention provisoire, cette affaire rappelle le triste sort des anciens dirigeants d’entreprises publiques, incarcérés à la fin des années 1990. Des dizaines de dirigeants se sont retrouvés, du jour au lendemain, en prison. Certains ont passé des années en détention provisoire avant d’être jugés et… acquittés. Certains d’entre eux ont pu reprendre un semblant de vie normale et sont réhabilités, mais d’autres ont sombré dans la dépression et sont morts juste après avoir quitté la prison.


Tous ces drames ne semblent pas avoir servi de leçons pour les dirigeants du pays qui continuent de laisser faire une justice de la vengeance, de la punition au lieu de dire le droit!


E. Wakli

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