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Procès en Espagne, silence en Algérie : la honte d’un système

  • cfda47
  • 28 sept.
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 29 sept.


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Alors que la justice espagnole requiert de lourdes peines contre des responsables politiques et industriels impliqués dans des affaires de corruption en Algérie sous Bouteflika, le silence du pouvoir algérien actuel, incarné par Abdelmadjid Tebboune, interroge. Ce procès, qui expose les mécanismes d’un système mafieux transnational, révèle aussi l’impunité persistante au sommet de l’État algérien.


Le juge Santiago Pedraz, de l’Audience nationale espagnole, ne s’est pas contenté de pointer des irrégularités : il a mis en lumière un système structuré de corruption transnationale, où des figures politiques espagnoles ont agi comme intermédiaires pour des entreprises cherchant à obtenir des marchés publics en Algérie.


Les faits reprochés

Pedro Gómez de la Serna et Gustavo de Arístegui sont accusés d’avoir perçu des commissions occultes pour faciliter l’attribution de contrats à des entreprises espagnoles comme Elecnor, Assignia ou Rovella. Les montants évoqués dépassent les 2,6 millions d’euros, versés via des sociétés écrans à l’étranger. Les projets concernés incluent le tramway de Ouargla et une station de dessalement à Tlemcen, obtenus grâce à des pots-de-vin versés à des responsables algériens.


Le parquet requiert jusqu’à 21 ans de prison pour corruption, blanchiment, falsification et association illicite.


Un système de prédation bien huilé

Le parquet espagnol a mis au jour un réseau de corruption impliquant des entreprises comme Elecnor et des intermédiaires politiques, qui ont versé des pots-de-vin à des fonctionnaires algériens pour décrocher des marchés publics.


Tramway de Ouargla, station de dessalement à Tlemcen… les projets sont emblématiques d’une époque où la rente pétrolière servait de levier à des enrichissements illicites.


Les montages financiers sont dignes d’un thriller : sociétés écrans à Dubaï, commissions occultes, villas achetées à l’étranger pour des cadres algériens. Et pourtant, aucune enquête sérieuse n’a été ouverte en Algérie. Le régime préfère détourner le regard.


Bouteflika : architecte d’un État clientéliste

Ce procès confirme ce que beaucoup dénoncent depuis longtemps : sous Bouteflika, l’État algérien s’est transformé en machine à distribuer des faveurs, des marchés et des postes en échange de loyauté politique. La corruption n’était pas un accident, mais un mode de gouvernance. Le président déchu, présenté comme un homme de paix, aura surtout été le garant d’un système opaque, verrouillé, et profondément injuste.


Tebboune : continuité dans le déni

Et aujourd’hui ? Rien. Pas un mot du président Tebboune, pourtant ministre de l’Habitat à l’époque des faits. Pas de commission d’enquête, pas de coopération judiciaire avec l’Espagne. Le pouvoir actuel, qui prétend incarner le changement, se contente de recycler les figures de l’ancien régime et de réprimer les voix critiques.


Tebboune parle de « nouvelle Algérie » mais refuse de regarder en face les crimes économiques du passé. Pire : il protège les réseaux qui l’ont porté au pouvoir. Le Hirak, qui exigeait justice et transparence, a été étouffé. Les lanceurs d’alerte sont emprisonnés. Et les corrompus ? Ils coulent des jours tranquilles.


Pour une justice sans frontières

Ce procès espagnol est une lueur dans l’obscurité. Il montre que la justice peut traverser les frontières, que les crimes économiques ne sont pas éternellement impunis. Mais il souligne aussi l’urgence d’une mobilisation citoyenne en Algérie pour exiger des comptes, réclamer des réparations, et reconstruire un État fondé sur l’éthique plutôt que sur la rente.


Aucune réaction officielle. Ni enquête, ni coopération judiciaire. Le régime de Tebboune, héritier direct du système Bouteflika, préfère détourner le regard. Ce silence est un aveu : l’impunité est toujours la règle. Les figures de l’ancien régime sont recyclées, les lanceurs d’alerte emprisonnés, et les citoyens sommés de se taire.


Ce procès ne concerne pas seulement des individus : il expose un mode opératoire où la diplomatie, les affaires et la politique se mêlent pour servir des intérêts privés au détriment des peuples. Gustavo de Arístegui, ancien ambassadeur en Inde, aurait utilisé son statut diplomatique pour légitimer des opérations douteuses. Et côté algérien, les bénéficiaires de ces commissions restent protégés par le silence du pouvoir.


L’impunité est une forme de violence. Et tant que les responsables de la prédation nationale ne seront pas jugés, la mémoire collective restera blessée.




Yacine M

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