RCD : Atmane Mazouz appelle à une “refondation de l'État” et refuse toute sécession
- cfda47
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Atmane Mazouz a planté le décor jeudi devant le Conseil national du RCD. Dans un discours qui ne laisse rien passer, le président du parti a dénoncé le verrouillage politique du pays, réclamé la libération des détenus d'opinion et rejeté toute idée de sécession.
Devant les membres du Conseil national du RCD réunis ce 19 décembre à Alger, le président du RCD, a posé un diagnostic brutal de la situation du pays. “Nous sommes face à une situation politique verrouillée et complexe”, a-t-il déclaré d'emblée. Le ton était donné : pas de langue de bois, pas de formules diplomatiques. Le président du RCD parle d'un “blocage structurel” où les institutions fonctionnent “en circuit fermé, coupées de la société, vidées de leur sens et de leur légitimité”.
Le constat économique n'est pas plus rassurant. Mazouz dénonce “une économie sous perfusion et un social au bord de la rupture”. L'inflation grignote le pouvoir d'achat, le chômage frappe les jeunes diplômés, les classes moyennes s'effondrent. Pour lui, le lien est direct : “La justice sociale ne peut exister sans justice politique, et aucune réforme économique ne sera crédible sans libertés, sans État de droit et sans institutions légitimes.”
Libération des détenus d'opinion et amnistie du Hirak
Sur les libertés publiques, Mazouz affirme que “la prison est redevenue un instrument de gestion politique” et réclame “la libération de tous les détenus d'opinion, sans distinction, sans calcul, sans marchandage”. Plus encore, il joint sa voix “aux différentes voix appelant à une amnistie globale des détenus d'opinion et du Hirak”.
Le président du RCD insiste particulièrement sur le cas des détenus de Larbâa Nath Irathen. “Leur incarcération prolongée, dans des conditions injustes, constitue une blessure ouverte pour la Kabylie et pour l'ensemble du pays”, a-t-il martelé. Pour lui, ce dossier est la preuve d’une “ justice instrumentalisée” et d’un “acharnement politique”. “La Kabylie n'est pas un problème sécuritaire. Elle est une richesse nationale”, lance-t-il.
Rejet catégorique de toute idée de sécession
Le passage le plus attendu du discours concernait la question de la déclaration unilatérale d'indépendance de la Kabylie. Mazouz tranche dans le vif. “Le RCD rejette fermement toute démarche unilatérale, régionale ou aventureuse visant à fragmenter le pays”, a-t-il déclaré. Non seulement parce qu'elle est “politiquement irresponsable”, mais surtout parce qu'elle est “objectivement contre-productive”.
Selon lui, “les projets sécessionnistes, loin de libérer les peuples, nourrissent les régimes autoritaires. Ils leur offrent l'ennemi idéal, le prétexte sécuritaire, l'argument pour étouffer les libertés, criminaliser les revendications légitimes et détourner l'attention des véritables causes de la crise nationale.”
Mazouz a également défendu la présence conjointe du drapeau algérien et de l'emblème amazigh dans les manifestations du RCD, face aux critiques. “L'emblème amazigh n'est pas une rupture. Il est une racine”, a-t-il affirmé. Pour lui, cet emblème “n'exclut pas, il relie ; il n'oppose pas, il complète”. Il rappelle que l'amazighité est partagée par les Chaouis, les Kabyles, les Touaregs, les Chenouis, les Mozabites et bien d'autres.
Participation électorale sous conditions
Sur la question électorale, Mazouz a ouvert un débat interne tout en posant des conditions strictes. Il refuse de “sacraliser l'élection en soi” et rappelle qu'une élection “sans garanties, sans libertés, sans transparence” n'est qu'un “mécanisme de reproduction du système”. Mais il se demande si l’on peut se permettre de “laisser l'espace institutionnel entièrement aux forces de l'inertie, de la régression et de l'allégeance” ?
Le président du RCD conditionne toute participation à des exigences précises, à savoir ouverture réelle du champ politique, mesures de détente en faveur des détenus d'opinion, fin des ingérences administratives dans le processus électoral, égalité d'accès aux médias publics, transparence des opérations électorales et respect de la volonté populaire.
Amine B.



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