Réformer sans débattre ? Les limites du discours présidentiel sur la transparence électorale
- cfda47
- 1 oct.
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Dernière mise à jour : 2 oct.

Lors de son entrevue télévisée du 27 septembre 2025, le président Abdelmadjid Tebboune a annoncé une série de réformes touchant à la loi électorale, à la transparence administrative et à la gestion publique. Si le discours se veut rassurant, les contours flous de ces annonces et l’absence de débat pluraliste soulèvent de sérieuses interrogations sur la sincérité du processus.
La réforme électorale de 2025 en Algérie, présentée comme un jalon vers la modernisation du système politique, s’inscrit dans une dynamique de révision constitutionnelle amorcée depuis 2020. Officiellement, elle vise à renforcer la transparence, améliorer la représentativité et restaurer la confiance citoyenne. Pourtant, derrière les promesses institutionnelles, plusieurs zones d’ombre subsistent, soulevant des interrogations sur la sincérité du processus et ses effets réels sur la vie démocratique.
Une réforme électorale sous contrôle
Le président affirme vouloir « réviser la loi électorale » pour en améliorer certains aspects techniques. Mais il précise que les dispositions contre la fraude et l’achat de voix ne seront pas modifiées. En apparence, cela semble prudent. En réalité, cela verrouille le débat : aucune remise en question des mécanismes de contrôle, aucune ouverture à une pluralité d’acteurs politiques.
Pire encore, la réorganisation des missions de l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), qui se verrait cantonnée à la supervision, confie l’organisation matérielle des scrutins au ministère de l’Intérieur — une institution historiquement liée au pouvoir exécutif. Ce glissement soulève des craintes légitimes sur l’indépendance du processus électoral.
Transparence administrative ou centralisation renforcée ?
Le président évoque la « transparence dans la gestion publique » et la « numérisation de l’administration ». Mais ces promesses, récurrentes depuis 2020, peinent à se concrétiser. Les citoyens algériens continuent de faire face à une bureaucratie opaque, à des lenteurs administratives et à une absence de reddition des comptes.
La transparence ne peut se résumer à des plateformes numériques. Elle suppose des institutions indépendantes, un accès public aux données, et surtout, une volonté politique de rendre des comptes. Or, aucune mesure concrète n’a été annoncée pour renforcer les organes de contrôle ou protéger les lanceurs d’alerte.
Dialogue national : un mot sans contenu
Le président a évoqué un « dialogue national » à venir, sans en préciser les modalités ni les acteurs concernés. Ce flou alimente les soupçons : s’agira-t-il d’un simulacre de concertation, limité aux cercles proches du pouvoir ? Ou d’un véritable espace de débat incluant les partis d’opposition, les syndicats, les associations citoyennes et les médias indépendants ?
Sans garanties d’inclusion, ce dialogue risque de reproduire les logiques verticales du régime, où le pouvoir décide seul des termes du débat.
Une réforme sans pluralisme est une réforme sans légitimité
Dans un contexte marqué par la détention de journalistes, la répression des voix dissidentes et l’absence de contre-pouvoirs institutionnels, ces annonces présidentielles sonnent creux. Elles relèvent davantage d’une stratégie de communication que d’une volonté réelle de transformation démocratique.
La réforme électorale ne peut être crédible sans transparence totale, indépendance des organes de contrôle, et participation citoyenne réelle. La gestion publique ne peut être qualifiée de transparente tant que les citoyens n’ont pas accès aux données, aux budgets, et aux mécanismes de recours.
Yacine M



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