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Santé en Algérie : “Sans réforme, nous aurons un système à deux vitesses” prévient le professeur Farid Chaoui

  • cfda47
  • 19 oct.
  • 2 min de lecture
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Le gastro-entérologue Farid Chaoui tire la sonnette d’alarme. Héritier d’un modèle fondé sur la gratuité des soins et l’universalité, le système de santé algérien s’essouffle. Pour lui, il faut refonder ce pilier du service public sur des bases sociales et solidaires, faute de quoi le droit à la santé risque de devenir un privilège.  


Les grandes dates fondatrices du système national de santé algérien, rappelle le professeur Farid Chaoui, se situent entre 1962 et 1973. "La décennie post-indépendance a été celle de la reconstruction et de la planification sanitaire. Puis la loi de 1973, qui a consacré la gratuité des soins, a marqué une rupture idéologique majeure", souligne-t-il. Ces choix politiques, poursuit-il,

"ont permis de sortir le pays d’une situation sanitaire désastreuse pour le hisser vers des progrès réels, visibles sur plusieurs décennies".  

Mais aujourd’hui, le médecin est catégorique : le modèle doit être repensé. "La société a changé, les besoins aussi. Si nous restons sur la même logique sans réforme structurelle, nous allons droit vers un système à double vitesse. Un secteur public à bout de souffle, incapable d’absorber la demande, et un privé qui se développe dans une logique purement marchande, réservé à une minorité solvable."


Pour le professeur Chaoui qui, rappelons-le, s’est exprimé lors de la conférence nationale sur le système de santé organisée, samedi par le FFS, cette dérive menace le principe même d’égalité d’accès aux soins, inscrit dans la Constitution. Elle remet en cause le droit à la santé, pilier des droits humains universels. “Ce serait le pire scénario pour notre pays. La santé ne doit pas devenir une marchandise." La solution, selon lui, tient en une phrase : le conventionnement du secteur privé avec l’État.


"Aujourd’hui, le privé assure entre 60 et 70 % des soins ambulatoires, près de 80 % des explorations fonctionnelles et jusqu’à 30 % de la grande chirurgie. On ne peut pas l’ignorer."  

Il plaide pour la mise en place d’un cadre national de négociation, associant l’État, la Sécurité sociale et les professionnels, afin de fixer des nomenclatures et des tarifs remboursables. "Ce n’est pas un luxe. C’est la condition pour alléger la charge financière sur les ménages et préserver le caractère solidaire du système."  


Pour Farid Chaoui, la refondation du système sanitaire ne peut se réduire à une réforme technique. Elle relève d’un choix de société. "Ce qui a été fait dans les années 1970 était une décision politique. Ce qui doit être fait aujourd’hui le sera aussi. Refonder la politique de santé, c’est décider quel type de justice sociale nous voulons."


Sophie K.  


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