Scandale à Béjaïa: Les éditions Koukou bannies du salon du livre amazigh
- cfda47
- 28 oct. 2024
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Dans un communiqué rendu public dimanche, les Éditions KOUKOU dénoncent leur exclusion du premier Salon du livre amazigh de Béjaïa, qui se tiendra du 28 octobre au 1er novembre 2024. Un nouvel épisode qui illustre les obstacles persistants à la diffusion de la littérature amazighe en Algérie.
L'affaire a débuté par un simple appel téléphonique annonçant “avec regrets, l'exclusion par les autorités” de la maison d'édition. Face à cette situation, Arezki Aït-Larbi, directeur des Éditions KOUKOU, a sollicité une clarification écrite auprès du commissaire du salon, demandant notamment “une copie du document officiel portant cette interdiction.”
La réponse du commissaire, qualifiée “d'anthologie” par la maison d'édition, invoque un banal “manque d'espace” comme justification. Une explication qui peine à convaincre, d'autant que les Éditions KOUKOU avaient préalablement reçu une invitation officielle et soumis leur dossier de participation dans les délais impartis.
Cette exclusion prend une dimension particulièrement symbolique à la veille des célébrations du 1er novembre. Elle intervient au moment même où l'éminent historien Mohammed Harbi, figure intellectuelle de 91 ans, marque sa retraite politique par la publication de ses mémoires en tamazight.
L'éviction touche particulièrement le milieu académique et littéraire amazigh. Parmi les auteurs concernés figurent des personnalités de premier plan : Tassadit Yacine, Salem Chaker, Nabile Farès, ainsi que les célèbres écrivains Mouloud Feraoun et Mouloud Mammeri. Cette décision affecte une maison d'édition qui œuvre légalement depuis 2005 dans la promotion de la culture amazighe.
Le communiqué appelle notamment les chercheurs du Centre de Recherche sur la Langue et la Culture Amazighes (CRLCA), partenaires de l'événement, à “exiger la vérité sur cette mesure arbitraire.” Les Éditions KOUKOU dénoncent une “inacceptable forfaiture” et des “manœuvres sournoises” visant à "distiller la haine et la division.”
Les tensions persistantes autour de la question culturelle amazighe en Algérie s'exacerbent, alors même que de nombreux acteurs appellent à “une politique linguistique apaisée.” Face à ce qu'elle qualifie de “loi du silence”, la maison d'édition affirme avoir “choisi la transparence” pour dénoncer ces “pratiques de l'ombre qui défient le droit et la morale.”
L'exclusion des Éditions KOUKOU du Salon du livre amazigh de Béjaïa ravive le débat sur la liberté éditoriale et le pluralisme culturel en Algérie, dans un contexte où la promotion de la culture amazighe reste un sujet sensible.
Sophie K.



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