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Silence judiciaire, souffrance impunie : l’Algérie face à ses pratiques inhumaines

  • cfda47
  • il y a 2 minutes
  • 2 min de lecture
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Au-delà de l’abus de pouvoir, de l’arbitraire et de l’absence de l’Etat de droit qu’a révélé l’affaire Ibtissam Hamlaoui, c’est la persistance de la torture comme pratique courante chez les agents de l’Etat qui pose problème. Les deux principaux témoins dans cette affaire, à savoir les deux anciens fonctionnaires du Croissant-Rouge algérien, Yacine Benchattah et Hadjer Zitouni, ont raconté avoir subi des pratiques d’un autre âge : de la torture physique, de la maltraitance, des insultes et surtout la privation de nourriture de la part des gendarmes. Pire, la journaliste raconte qu’à sa demande de lui procurer des serviettes hygiéniques, un gendarme aurait répondu : « Je ne peux rien faire pour vous », la laissant « baigner » dans son sang jusqu’à l’hémorragie !


Ce sont évidemment des pratiques inhumaines qui interrogent même sur l’humanité de ces agents de l’Etat : ils sont pourtant des citoyens ordinaires lorsqu’ils sortent de leur travail et enlèvent leur uniforme. Comment peuvent-ils être aussi cruels face à des concitoyens qui, en plus d’être fragilisés par la détention, sont innocents ? Il ne s’agit pas ici de donner une réponse à une question qui relève de la métaphysique. Ces pratiques sont réprimées par la loi. Mais elles sont toujours courantes et ne semblent pas s’arrêter.


Pour ceux qui sont tentés de répondre que ce cas est isolé, il suffit de rappeler des faits récents qui sont portés à la connaissance du public. Ainsi, en 2021, Walid Nekkiche, un jeune détenu du hirak et étudiant à l’époque des faits, raconte aux juges avoir été torturé et violé par des agents de police et de la DGSI, la direction générale de la sécurité intérieure. Cela a été même rapporté dans les médias qui pouvaient encore révéler ce genre d’informations à l’époque. Après de nombreuses pétitions et écrits, un juge militaire s’est emparé de l’affaire. Walid Nekkiche a été entendu à deux reprises… Mais rien. Depuis 4 ans, le dossier est oublié. La victime est toujours dans son village de Kabylie, sans emploi, et le dossier est dans les tiroirs des juges.


Mais d’autres victimes de la maltraitance n’ont pas eu le même traitement. Le blogueur et activiste Marzoug Touati a été violemment torturé à l’été 2024. Malgré un certificat médical accablant, le procureur général près le tribunal de Béjaïa n’a écrit que 4 lignes avant de clore le dossier ! C’est aussi le cas du journaliste Abdelouakil Blamm, violenté et frappé par des agents de la DGSI lors de son arrestation en décembre 2024. Selon des sources judiciaires, le journaliste a été malmené et maltraité. Mais lorsque les avocats ont informé les juges de ces faits, ils se sont montrés impuissants et n’ont même pas voulu tenir compte de la plainte.


Laisser ces affaires sous silence revient à les encourager. Laisser faire est un signe de la démission de la société parce qu’en l’absence d’une justice indépendante capable de protéger la liberté et la dignité des citoyens, seule la mobilisation de la société civile peut mettre fin à cette pratique d’un autre âge !


Essaïd Wakli

 
 
 

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