Sonia et Ramla Dahmani : deux sœurs face à la répression tunisienne
- cfda47
- 13 juil.
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Condamnée à quatre ans de prison pour ses positions antiracistes, l'avocate Sonia Dahmani mobilise un réseau de soutien international. Sa sœur, elle aussi poursuivie pour l'avoir défendue, symbolise une répression qui cible désormais l'acte même de solidarité.
En Tunisie, l'avocate et journaliste Sonia Dahmani devient le symbole d'une lutte plus large pour la liberté d'expression et les droits des femmes. Face à l'intensification des poursuites judiciaires contre cette figure emblématique de la défense des droits humains, un mouvement de solidarité international prend forme, rassemblant militantes, organisations féministes et institutions de la société civile.
Condamnée à quatre années de prison au total, elle fait l'objet de multiples procédures judiciaires en raison de ses prises de position contre le racisme envers les migrants et les violations des droits humains dans les prisons tunisiennes. Le décret 54 de 2022, initialement conçu pour lutter contre les crimes liés aux systèmes d'information et de communication, est devenu l'instrument privilégié de cette répression. “Laquelle a été arrêtée depuis le siège de l'ordre des avocats de Tunis”, précise le communiqué de soutien, qui dénonce cette arrestation comme particulièrement symbolique.
Cette stratégie répressive ne se limite pas à Sonia Dahmani. Sa propre sœur, Ramla Dahmani, a été condamnée par contumace à deux ans de prison pour avoir exprimé sa solidarité lors d'une grève de la faim. D'autres figures comme Bochra Belhadj et Sihem Ben Sedrine subissent également des pressions judiciaires similaires. Cette multiplication des cas révèle une approche systématique visant à réduire au silence les voix critiques, particulièrement celles des femmes engagées dans la défense des droits humains.
Un réseau de soutien transnational
La réponse à cette répression s'organise désormais à l'échelle régionale et internationale. Le collectif de soutien réunit des organisations comme la Fondation de la Femme nouvelle, l'Alliance régionale des défenseuses des droits humains en Asie du Sud-Ouest et en Afrique du Nord, ou encore l'Association tunisienne des femmes démocrates. Cette mobilisation transcende les frontières nationales, impliquant des militantes d'Égypte, d'Algérie et d'autres pays arabes.
Les signataires individuels du communiqué, parmi lesquels figurent l'avocate Aziza Touil, la journaliste Nani Abdel Hakim, la chercheuse Wafa Achri ou encore l'avocate Mahinour El Masry, incarnent cette solidarité féminine qui refuse de laisser isolées les femmes ciblées par la répression. Leur engagement commun repose sur une conviction partagée : “Ce qu'elle subit constitue un ciblage de toutes les femmes militantes comme une tentative d'annuler le droit des femmes à exprimer librement leurs positions.”
Cette mobilisation s'appuie sur une lecture politique claire des événements. Les signataires considèrent que “ces poursuites judiciaires constituent une violence politique systématique, et spécifiquement un défi aux mouvements féministes en Tunisie et dans la région arabe de manière générale.” Cette analyse dépasse le cas individuel pour questionner l'ensemble des stratégies de contrôle exercées sur les mouvements sociaux et les organisations de défense des droits.
Les revendications portées par ce mouvement de solidarité s'articulent autour de trois axes principaux : l'abandon immédiat de toutes les charges contre Sonia Dahmani et les autres défenseurs concernés, la garantie du droit à un procès équitable, et l'arrêt de l'utilisation du décret 54 comme “outil répressif légalisé”. Ces demandes s'adressent directement aux autorités tunisiennes mais visent également à sensibiliser l'opinion publique internationale sur la dégradation de la situation des droits humains dans le pays.
Sophie K.



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