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Soudan: la France complice d’un massacre ?

Une bombe médiatique vient d'exploser dans le paysage de l'armement français. Amnesty International révèle que des systèmes d'armement “made in France” se retrouvent entre les mains des belligérants au Soudan, en violation flagrante des embargos internationaux. L'organisation pointe du doigt un système sophistiqué, baptisé GALIX, qui équipe des véhicules blindés semant la terreur sur un territoire déjà martyrisé.

 

L'enquête est implacable. Ces équipements militaires français, conçus par Lacroix Défense et KNDS France, transitent par les Émirats arabes unis avant d'atterrir dans l'arsenal des Forces d'appui rapide (FAR), acteur majeur d'un conflit qui a déjà fait plus de 23 000 morts. Un parcours qui soulève des questions brûlantes sur la complicité de l'industrie militaire française dans ce carnage.

 

“Nos recherches montrent que des systèmes d'armement conçus et fabriqués en France sont utilisés sur le champ de bataille au Soudan”, tonne Agnès Callamard, secrétaire générale d'Amnesty International.

Et son réquisitoire ne s'arrête pas là. “Le système GALIX est déployé par les FAR dans ce conflit, et toute utilisation au Darfour constituerait une infraction évidente à l'embargo sur les armes de l'ONU. Le gouvernement français doit veiller à ce que Lacroix Défense et KNDS France cessent immédiatement de fournir ce système aux EAU”, poursuit-elle. 

 

Son appel se fait plus pressant encore : “Amnesty International a déjà montré que l'afflux constant d'armes au Soudan provoque d'immenses souffrances humaines. Tous les pays doivent immédiatement mettre fin à la fourniture directe ou indirecte de toutes armes et munitions aux parties au conflit au Soudan. Ils doivent respecter et appliquer l'embargo sur les armes à destination du Darfour décidé par le Conseil de sécurité des Nations unies afin que d'autres civils ne perdent pas la vie.”

 

 

Derrière les chiffres vertigineux des contrats d'armement - 2,6 milliards d'euros d'équipements militaires français vendus aux Émirats entre 2014 et 2023 - se cache une réalité sanglante. Le Soudan s'enfonce chaque jour davantage dans l'abîme : 33 000 blessés, 11 millions de déplacés, la plus grande crise humanitaire au monde. Et au milieu de ce chaos, des armes françaises continuent d'alimenter la machine de guerre.

 

L'Union européenne avait pourtant été claire : depuis 1994, un embargo strict interdit tout transfert d'armes vers le Soudan. Mais les industriels français, à travers des montages complexes impliquant les Émirats arabes unis, semblent avoir trouvé la parade. Une stratégie d'autant plus choquante que les EAU sont tristement connus pour leur habitude de violer les embargos sur les armes de l'ONU.

 

Face aux questions d'Amnesty International, c'est le silence radio du côté des entreprises françaises impliquées et des autorités. Lacroix Défense, KNDS France et le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale restent muets, esquivant leur responsabilité dans ce scandale qui éclabousse l'industrie française de l'armement.

 

Le système GALIX, fleuron de la technologie militaire française, se retrouve ainsi au cœur d'une tempête géopolitique. Conçu pour “dissimuler les engins blindés de menaces proches et protéger les véhicules”, il participe aujourd'hui à l'escalade meurtrière d'un conflit qui n'en finit plus de faire des victimes.

 

Amnesty International frappe fort en exigeant l'extension de l'embargo sur les armes à l'ensemble du territoire soudanais. Une demande qui sonne comme un ultimatum : jusqu'à quand l'industrie de l'armement pourra-t-elle se cacher derrière des montages complexes pour continuer à alimenter les conflits ?

 

Cette affaire jette une lumière crue sur les zones d'ombre du commerce international des armes. Elle révèle comment des entreprises françaises, sous couvert de partenariats commerciaux légaux, participent à l'escalade d'un conflit meurtrier. Un scandale qui pose la question suivante : jusqu'où ira la course aux profits sur le dos des populations civiles ?


Sophie K.

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