Tebboune devant les parlementaires le 30 décembre : ce qu’il dira et ce qu’il éludera

Après un premier report, le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, va prononcer le mardi 30 décembre, un discours sur l’état de la nation devant les membres des deux chambres du parlement, réunis en Congrès au Palais des Nations, à Club-des-Pins. Une occasion pour Abdelmadjid Tebboune de revenir sur « les réalisations » de l’année en cours, avec évidemment une pointe de satisfaction comme toujours.

Sur le plan politique, Abdemadjid Tebboune s’exprimera sans doute sur des sujets divers, à commencer par « le dialogue » national dont il parle depuis plusieurs mois déjà. Le projet n’est pas très clair et il s’agit, pour l’instant, de simples réceptions accordées aux chefs de partis politiques et des personnalités nationales. Mais cela pourra prendre d’autres formes, surtout que contrairement aux échéances électorales précédentes, quasiment tous les partis de l’opposition vont prendre part aux Législatives et Locales de l’année prochaine. Ce sera aussi l’occasion de répondre à certaines critiques venant de l’opposition s’agissant du respect des libertés et des droits de l’Homme. Là, comme à son habitude, le chef de l’Etat poursuit sa politique faite de déni des réalités. Il refuse d’entendre parler de l’existence de détenus d’opinions et même de la fermeture du champ politique et médiatique.

Au plan économique le président algérien va tenter de se projeter dans ce qu’il considère comme des projets structurants pour les années à venir. A commencer par l’inauguration, fin janvier, du méga-projet Gara Djebilet, un projet intégré comportant la mine de fer située près de Tindouf, l’usine de transformation du minerai, située à Béchar, plus au Nord et bien sûr le chemin de fer qui s’étend sur près de 900 Km, reliant Tindouf à Oran, au Nord, en passant par Béchar. C’est un projet qui vise, une fois exploité, à permettre à l’Algérie d’engranger davantage de revenus hors hydrocarbures. Le fer étant une matière première recherchée un peu partout dans le monde, son exportation va compenser les pertes liées à la baisse des prix des hydrocarbures. D’autres projets miniers vont être également annoncés, notamment dans le phosphate. Ce sera aussi le cas de la poursuite de la construction des stations de dessalement d’eau de mer, plus particulièrement celle de Ténès (Chlef) qui produira, dans 3 ans, 300 000 M3 par jour d’eau dessalée, destinée à plusieurs wilayas du Centre du pays.

Comme toujours dans ce genre de situations, Abdelmadjid Tebboune va s’exprimer sur les relations bilatérales entre notre pays et ses voisins. Des conflits comme ceux du Mali, la Libye et notre relation avec la France vont se tailler la part du lion de l’adresse présidentielle. A cela s'ajoutent évidemment la question palestinienne et celle du Sahara occidental. Le chef de l’Etat profitera également de l’occasion pour faire un bilan, positif à ses yeux, de la présence de l’Algérie au Conseil de sécurité comme membre observateur ces deux dernières années.

Cette adresse était initialement prévue le 25 décembre. Mais l’agenda de certains ministres, partis entre autres à Béchar pour préparer la visite présidentielle de Tebboune, a fait changer le programme de ce discours, désormais annuel depuis trois ans.

Essaïd Wakli