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Tebboune ou l’art de la promesse sans partage

  • cfda47
  • 26 sept.
  • 2 min de lecture
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Abdelmadjid Tebboune a pris la parole pour réaffirmer sa mainmise sur le jeu politique. Sous les promesses d’ouverture, tout renvoie à une présidence qui fixe seule l’agenda et les règles.  


Le président Abdelmadjid Tebboune a livré un long discours qui dit tout de son rapport au pouvoir. Sa parole s’érige en unique boussole et le système politique est sommé de suivre la feuille de route tracée depuis El Mouradia. Derrière l’apparente sérénité, se dessine un projet qui conjugue centralisation, méfiance vis-à-vis de l’opposition et verrouillage du jeu démocratique.  


« La démocratie n’est pas la pagaille », a-t-il affirmé en expliquant que le futur code des partis ne pourra être écrit sans eux. Une formule habile qui dissimule le report du dialogue promis et rappelle que les règles du pluralisme sont fixées au sommet de l’État, selon son rythme et sous sa tutelle. L’idée d’une vie partisane autonome reste étrangère à la pratique présidentielle. Le chef de l’État conditionne même l’accès aux médias publics, assurant que la télévision est ouverte à tous sauf à ceux qui insultent. Une ligne rouge commode qui permet d’écarter les voix les plus critiques au nom d’une bienséance décrétée par le pouvoir.  


Ce discours, tenu lors d’une rencontre avec les médias et diffusé sur la télévision nationale dans la soirée de vendredi, est traversée par une idée domine, celle de reprendre la main sur ce qui échappe à l’État. Qu’il s’agisse des importations, des terres agricoles ou du débat parlementaire, Tebboune érige la numérisation en instrument de surveillance généralisée. « La numérisation ne fait peur qu’aux chauves-souris », a-t-il lancé, visant ces zones d’ombre où circulent capitaux et initiatives hors du contrôle présidentiel. Même le Parlement est rappelé à l’ordre, le président prévenant que briller à l’Assemblée ne signifie pas insulter les ministres. Manière de rappeler que le débat politique doit rester contenu dans les limites fixées par le pouvoir.  


Au cœur de ce discours se trouve également la promesse d’une Algérie différente en 2027. Cette date correspond à la fin de son mandat et devient l’horizon sur lequel il construit le récit d’une transformation qu’il présentera comme son bilan. « Nous n’avons pas fait de promesses mais des engagements », a-t-il martelé, confondant volontairement le contrat politique avec une obligation morale placée sous sa seule autorité.  


Dans cette vision, la présidence demeure le centre unique de décision, l’opposition est réduite au rôle de spectateur toléré et le pluralisme survit sous perfusion. Tebboune invoque l’inclusion et le dialogue mais uniquement selon ses conditions. Loin d’un État arbitre, c’est un État propriétaire du jeu politique qui se dessine. En convoquant l’horizon 2027, le chef de l’État cherche à inscrire son mandat dans une temporalité longue, refermant le champ des possibles et affirmant qu’aucune autre légitimité ne saurait concurrencer celle qui s’énonce depuis la présidence.  

 

La Rédaction  


 
 
 

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