Tebboune parle de “détenus d’opinion” libérés, selon le récit de Louisa Hanoune
- cfda47
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Après des années de dénégation officielle, la question des détenus d’opinion revient au premier plan à la faveur des propos rapportés par Louisa Hanoune.
Louisa Hanoune a créé la surprise ce vendredi lors d’une conférence de presse au siège du Parti des Travailleurs. En revenant sur sa rencontre récente avec Abdelmadjid Tebboune, elle a rapporté des propos du chef de l’État qui, de fait, actent l’existence de détenus d’opinion en Algérie. Une révélation lourde de sens dans un contexte où les autorités évitent systématiquement cette qualification.
La secrétaire générale du PT explique avoir abordé, avec le chef de l’État, les libertés académiques, les droits démocratiques et la situation des personnes poursuivies pour leurs opinions. “J’ai parlé des prisonniers de l’opinion et des prisonniers politiques”, dit-elle d’emblée. Selon son récit, le président n’a pas contesté ces termes. Au contraire, il lui aurait répondu sur le fond.
“Il m’a dit qu’il pouvait utiliser son droit de grâce”
D’après Louisa Hanoune, Abdelmadjid Tebboune lui a expliqué qu’il pouvait exercer sa prérogative constitutionnelle de pardon présidentiel une fois les jugements achevés. Elle rappelle qu’il a déjà procédé à plusieurs grâces ciblées. Surtout, elle rapporte qu’il lui a dit avoir “libéré plusieurs détenus d’opinion”. Une phrase qui, dans les faits, revient à reconnaître l’existence de ce type de détenus, même si cette qualification est écartée dans la communication officielle.
Hanoune ajoute que le président lui a indiqué qu’“il n’y a pas beaucoup de prisonniers d’opinion”. Là encore, l’expression implique qu’il en existe malgré tout. Elle rappelle aussi que plusieurs détenus ont été libérés ces derniers mois, notamment à l’occasion de fêtes religieuses.
Pour la cheffe du PT, cette situation doit conduire à une décision politique plus large. Elle plaide pour “une amnisitie total, une amnistie politique”, estimant que seule une mesure globale pourrait tourner la page. “Je pense qu’il faut une décision politique”, insiste-t-elle, en appelant à mettre fin à l’emprisonnement pour des faits liés à l’expression ou à l’engagement citoyen.
Un message adressé au pouvoir… et à l’opinion
Louisa Hanoune affirme que sa rencontre avec le président s’est déroulée dans un échange direct sur les droits et les libertés. Dans son récit, elle dit avoir demandé à Tebboune d’annoncer clairement ses orientations. Elle estime que le pouvoir gagnerait à lever les ambiguïtés sur la question des libertés publiques, à un moment où la société civile s’inquiète d’un climat judiciaire tendu.
Son intervention relance un débat sensible, à savoir celui de la qualification des détenus poursuivis pour des publications, des positions politiques ou des activités militantes. Le pouvoir parle de “dossiers de droit commun”, tandis que les ONG, des partis et plusieurs avocats évoquent des “détenus d’opinion”. Les propos qu’elle rapporte du président- notamment lorsqu’il parle de “détenus d’opinion” au passé- laissent apparaître une reconnaissance implicite mais directe de l’existence de quelques cas.
Bref, la fenêtre est ouverte, mais elle doit déboucher sur une décision globale. “Nous avons parlé de tout cela”, conclut-elle, laissant entendre que le dialogue peut se poursuivre, à condition qu’il soit suivi d’actes.
Sophie K.
Lien vers la conférence de Louisa Hanoune 👇



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