Tebboune refuse Paris: la crise diplomatique franco-algérienne s'intensifie

Les relations franco-algériennes traversent actuellement une période de turbulence diplomatique sans précédent, marquée par une série d'événements qui ont exacerbé les tensions entre les deux nations. Au cœur de cette crise se trouve la décision du président algérien Abdelmadjid Tebboune de décliner une visite officielle à Paris, une décision qui revêt une importance symbolique considérable dans le contexte des relations bilatérales.

Dans un entretien accordé aux médias algériens, le président Tebboune a employé une rhétorique ferme pour dénoncer ce qu'il perçoit comme une campagne délétère menée en France contre l'immigration algérienne. Sa déclaration « Je n'irai pas à Canossa » - une référence historique évocatrice - souligne sa posture inflexible face aux pressions françaises. Cette allusion à l'humiliation du Saint-Empereur romain Henri IV devant le pape Grégoire VII en 1077 démontre la détermination de Tebboune à ne pas céder aux exigences françaises perçues comme déraisonnables.

La genèse de cette crise diplomatique remonte à plusieurs facteurs, dont la reconnaissance par la France du plan d'autonomie marocain au Sahara occidental, un sujet d'une sensibilité extrême pour Alger. De plus, les déclarations incendiaires du ministre français de l'Intérieur, Bruno Retailleau, concernant les Obligations de Quitter le Territoire Français (OQTF) et l'immigration ont jeté de l'huile sur le feu, conduisant au rappel de l'ambassadeur algérien à Paris en juillet dernier.

Un point de contentieux particulièrement épineux concerne les accords migratoires franco-algériens de 1968. Le président Tebboune a qualifié ces accords de « coquille vide », arguant que les révisions successives de 1985 et 1995 les ont vidés de leur substance. Il a fermement rejeté l'idée d'une nouvelle révision, dénonçant ce qu'il considère comme une instrumentalisation de ces accords par une « minorité haineuse » en France.

Sophie K.