Dans les rues d'Alger et ses environs, une histoire se dessine, loin des projecteurs médiatiques et des discours simplistes. Une histoire de travailleurs migrants subsahariens, dont la présence discrète mais déterminante participe à l'économie algérienne.
Aux premiers jours de décembre, la localité de Rahmania, à l'ouest d'Alger, est devenue l'épicentre d'un mouvement qui a rapidement alimenté les conversations et les réseaux sociaux. Des migrants subsahariens manifestaient, déclenchant une vague d'interrogations et de spéculations.
L'Algérie, carrefour géographique et historique, accueille depuis plusieurs années des milliers de migrants provenant principalement du Niger, du Mali et d'autres États africains. Progressivement, ces travailleurs se sont intégrés dans des secteurs stratégiques : construction, agriculture et services informels.
Dans les grandes villes comme dans les zones rurales, ces professionnels occupent des emplois souvent délaissés, contribuant de manière significative au développement économique, mais demeurant largement invisibles.
La vérité derrière la protestation
Contrairement aux rumeurs initiales qui suggéraient un mouvement de squatt ou des revendications territoriales agressives, l'origine de cette manifestation est bien plus prosaïque et humaine.
Souleymane, l'un des travailleurs migrants, raconte avec une franchise désarmante : « Nous ne cherchons pas des appartements ou à créer des problèmes. Notre unique objectif est de recevoir les salaires qui nous sont dus par une entreprise de construction turque. »
Les montants en jeu varient entre 15 et 20 millions de centimes, sommes représentant plusieurs mois de travail acharné. Un jeune Algérien témoin de la scène confirme : « Ils réclament simplement leur dû, rien de plus. »
Ces hommes et ces femmes sont des individus animés par la recherche de meilleures opportunités, poussés par des réalités économiques complexes dans leurs pays d'origine. Leur parcours illustre la mobilité et la résilience des travailleurs migrants contemporains.
Leur quotidien commence avant l'aube, sur des chantiers où leur force de travail est essentielle. Ils construisent des infrastructures, participent à l'expansion urbaine, tout en demeurant souvent en marge des systèmes sociaux et économiques.
Enjeux structurels
Cette situation révèle trois problèmes essentiels : la fragilité des travailleurs migrants, les conditions précaires de l'économie informelle, et les tensions des échanges économiques transfrontaliers.
Les entreprises étrangères doivent-elles être soumises à des normes plus contraignantes en matière de rémunération ? Comment garantir les droits de travailleurs traditionnellement marginalisés ?
Cet événement de Rahmania dépasse le simple fait divers. C'est un manifeste pour la reconnaissance, la dignité et la justice sociale.
La Rédaction
Comments