Tunisie: Le graffiti qui a coûté deux ans de liberté à Rached Tamboura
- cfda47
- 16 juil. 2024
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 17 juil. 2024

Dans les rues de Monastir, ville côtière tunisienne, les graffitis à moitié effacés de Rached Tamboura témoignent d'une liberté d'expression désormais étouffée. Ce jeune artiste de 28 ans, connu pour ses fresques colorées ornant les murs de la cité, se trouve aujourd'hui derrière les barreaux, symbole d'une répression qui s'étend bien au-delà des cercles d'opposition politique traditionnels.
Le 17 juillet 2023 marque un tournant. Cette nuit-là, Tamboura est arrêté à son domicile pour un graffiti représentant le président Kaïs Saïed, accompagné des mots « raciste » et « fasciste ». Ce geste artistique, en réaction à un communiqué présidentiel controversé du 21 février 2023 sur l'immigration subsaharienne, lui vaut aujourd'hui une peine de deux ans d'emprisonnement.
La condamnation de Tamboura s'inscrit dans un contexte plus large de durcissement du régime. L'article 67 du code pénal et l'article 24 du décret-loi 54 sont devenus les instruments privilégiés pour museler les voix dissidentes. L'association Intersection pour les droits et libertés a recensé pas moins de 41 cas d'emprisonnement basés sur ce décret, touchant aussi bien des figures publiques que des citoyens ordinaires.
Chaima Jebali, militante de gauche coordonnant le collectif « Libérez Rached Tamboura », souligne l'invisibilité de nombreux cas : « Beaucoup d'anonymes sont emprisonnés, des histoires qui passent inaperçues ». Cette réalité met en lumière l'étendue d'une répression qui touche désormais toutes les couches de la société tunisienne.
L'affaire Thouraya Ferchichi illustre la précarité persistante de la liberté d'expression. Condamnée fin mai 2024 à deux mois de prison pour avoir dénoncé des dysfonctionnements dans un hôpital local, elle a été libérée début juillet, mais reste interdite de témoignage pendant cinq ans.
À l'approche de l'élection présidentielle prévue le 6 octobre 2024, la tension monte. Malgré les manifestations de la société civile et des journalistes les 24 et 27 mai 2024, le gouvernement maintient sa ligne dure. La répression, autrefois exceptionnelle, semble se normaliser, touchant artistes, activistes, journalistes et simples citoyens.
La Rédaction



Commentaires