top of page

Tunisie : un internaute condamné à mort pour avoir critiqué Kaïs Saïed

  • cfda47
  • 5 oct.
  • 2 min de lecture

Dernière mise à jour : 6 oct.

ree

Un tribunal tunisien a condamné à mort un citoyen pour des publications jugées offensantes envers le président Kaïs Saïed. Une décision inédite depuis la révolution de 2011, qui ravive les inquiétudes sur la dérive autoritaire du régime.  


En Tunisie, le couperet de la justice est tombé sur un citoyen pour quelques lignes écrites sur Facebook. Saber Chouchane, ouvrier journalier et père de trois enfants, a été condamné à mort le 1ᵉʳ octobre par la chambre criminelle du tribunal de première instance de Nabeul, pour avoir critiqué le président Kaïs Saïed sur les réseaux sociaux. Une condamnation sans précédent depuis 2011, signe qu’en Tunisie, le pouvoir ne tolère plus la contestation.  

 

Le dossier, d’abord examiné par le pôle antiterroriste de Tunis, a été renvoyé à Nabeul faute de preuves de caractère terroriste. Les juges ont finalement retenu trois chefs d’accusation à savoir, “offense au chef de l’État (article 67 du code pénal)”, “diffusion de fausses informations (article 24 du décret-loi 54 de 2022 sur la cybercriminalité) et “attentat ayant pour but de changer la forme du gouvernement (article 72 du code pénal)”. Ce dernier chef, passible de la peine capitale, a suffi à faire basculer l’affaire dans l’absurde judiciaire.  

 

Le président de la chambre criminelle ayant prononcé la sentence aurait depuis été sanctionné par le Conseil supérieur provisoire de la magistrature, selon des sources citées par le média tunisien Kapitalis. Mais cette mesure disciplinaire ne retire rien à la gravité du jugement. En effet, pour la première fois depuis plus de trois décennies, un citoyen tunisien se retrouve condamné à mort pour des écrits en ligne.  

 

L’ONG HuMENA pour les droits humains a dénoncé une “décision surréaliste qui viole les engagements internationaux de la Tunisie” et appelé à son annulation immédiate. L’organisation rappelle que le pays, signataire du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, s’est engagé à limiter la peine capitale aux crimes les plus graves ;certainement pas aux opinions politiques.  

 

Depuis son coup de force de juillet 2021, Kaïs Saïed gouverne sans contre-pouvoirs : dissolution du Parlement, marginalisation du Conseil supérieur de la magistrature, contrôle des médias et instrumentalisation du droit. Le décret-loi 54, adopté sous prétexte de lutte contre les “fausses informations”, est désormais l’un des principaux outils de répression de la parole critique.  

 

Sous Ben Ali, penser autrement menait en prison. Sous Kaïs Saïed, un simple post peut conduire au couloir de la mort. Ce jugement ne vise pas un homme, mais une idée : celle d’une Tunisie affranchie de la peur. Quatorze ans après la révolution, c’est cette promesse-là que le pouvoir assassine à son tour.  

 

Sophie K.


Commentaires

Noté 0 étoile sur 5.
Pas encore de note

Ajouter une note
bottom of page