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Un remaniement qui recycle plus qu’il ne renouvelle

  • cfda47
  • 14 sept.
  • 2 min de lecture
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Sous d’autres cieux, l’échec conduit à la sortie. Ici, il mène à l’Intérieur pour Saïd Saiyoud, tandis que Kamel Rezig confirme son “j’y suis, j’y reste”.  


Le remaniement est tombé, avec son lot de confirmations, de déplacements et de nouvelles têtes. Derrière la longue liste lue au journal télévisé, une constante : le système préfère recycler ses visages plutôt que de sanctionner ses échecs.  


La surprise -ou plutôt la provocation - s’appelle Saïd Saiyoud. Jusqu’ici ministre des Transports, il hérite désormais de l’Intérieur et des Collectivités locales. Dans n’importe quel autre pays, son passage au Transport l’aurait renvoyé à ses chantiers personnels. En Algérie, même après le drame de l’Oued El Harrach — un bus vétuste qui plonge d’un pont, 18 morts et plus de vingt blessés — il est propulsé au ministère le plus sensible après la Défense. Sous d’autres cieux, on limoge. Ici, on promeut.  


Le reste de la liste illustre la même logique. Les poids lourds restent intouchables : Ahmed Attaf conserve les Affaires étrangères malgré les rumeurs insistantes, Mohamed Argab garde les Hydrocarbures, Brahim Merad se recycle à l’Inspection générale de l’État. Même les ministères techniques, de l’Éducation à la Santé, changent de titulaires sans que personne n’attende de miracles.  


Un autre cas révélateur : Kamel Rezig. Le ministre du Commerce, critiqué pour ses mesures tatillonnes sur les importations, accusé par les opérateurs de bloquer les circuits et d’alimenter les pénuries, reste en poste. Mal-aimé mais indéboulonnable, il incarne ce “j’y suis, j’y reste” qui résume l’esprit du remaniement.  


Ce qui frappe, ce n’est pas l’ampleur du changement, mais sa modestie. Les mêmes hommes, parfois les mêmes erreurs, et une rotation des portefeuilles qui donne l’illusion d’un souffle nouveau. Le gouvernement reste une mosaïque où la loyauté prime sur le bilan.  


En confiant l’Intérieur à un ex-ministre associé à un drame national, et en maintenant un ministre contesté dans un secteur vital, Tebboune envoie un message limpide : ce n’est pas la compétence qui compte, mais l’utilité politique. Le ministère de l’Intérieur, pivot du contrôle des walis, des élections et des collectivités, doit rester entre des mains sûres — pour le système, pas pour les citoyens.  


Le remaniement 2025, annoncé comme une “restructuration”, ressemble donc à ce qu’il est vraiment : un ajustement cosmétique. De l’extérieur, on parlera de stabilité. À l’intérieur, beaucoup y verront ce qu’il est : un recyclage organisé, où la sanction n’existe pas et où la promotion récompense surtout la fidélité et l’endurance.  

 

La Rédaction  

 

 
 
 

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