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Une diaspora officielle qui a fait le choix de l’exclusion

  • cfda47
  • 26 mai
  • 3 min de lecture

Dans ce qui s’apparente à une messe, un groupe qui s’appelle « Conseil mondial de la diaspora algérienne » a décerné le 23 mai courant des prix à des personnalités algériennes de la diaspora lors d’une cérémonie organisée à Paris. Le Conseil mondial de la diaspora algérienne (CMDA) se défini comme "une organisation qui vise à fédérer les compétences et talents algériens à travers le monde". Son objectif est de "créer un réseau international permettant aux membres de la diaspora de contribuer au développement économique, social, universitaire, culturel et sportif de l’Algérie". Toutefois, sans transparence officielle sur les sources financières du CMDA, il est difficile de confirmer avec certitude qui soutient financièrement ses activités.


Cette organisation qui devait être crée à l’occasion de l’élection présidentielle anticipée de septembre 2024 avant d’être gelée pour des raisons non-déclarées, a rendu hommage à des Algériens tous issus de l’émigration. On y trouve des journalistes, des écrivains, des entrepreneurs… ce qui est sensé constituer l’élite d’une diaspora. En dehors de l’écrivain Yasmina Khadra qui a réellement porté le drapeau de l’Algérie un peu partout dans le monde, l’écrasante majorité des personnes honorées est recrutée parmi les soutiens du pouvoir algérien.


Le lobby algérien : une nouvelle force pour la diaspora ou un outil politique ?

Le Conseil mondial de la diaspora algérienne (CMDA) ne communique pas publiquement sur ses sources de financement. Son site officiel met en avant son objectif de "fédérer les compétences et talents de la diaspora algérienne à travers le monde", mais ne détaille pas ses soutiens financiers.


Toutefois, certaines analyses suggèrent que des fonds privés et des contributions de membres influents pourraient jouer un rôle dans son fonctionnement. L’Algérie encourage également sa diaspora à contribuer à son développement, ce qui pourrait impliquer des initiatives liées à des financements ou des partenariats.


Le concept de "lobby algérien" fait référence à une initiative visant à structurer et renforcer l’influence de la diaspora algérienne à l’étranger. Cette idée a été récemment mise en avant par des figures comme Yasmina Khadra, qui a plaidé pour la "création d’un réseau capable de donner plus de visibilité aux Algériens à l’international."


Le Conseil mondial de la diaspora algérienne (CMDA), fondé par Karim Zeribi, s’inscrit dans cette dynamique. L’objectif affiché est de créer un "soft power algérien", permettant aux talents et aux entrepreneurs de la diaspora de contribuer au développement du pays.


Cependant, de nombreux observateurs s’interrogent sur les motivations derrière ce projet et sur son indépendance vis-à-vis des autorités algériennes. La structuration d’un lobby pourrait être un levier puissant pour défendre les intérêts des Algériens à l’étranger, mais elle soulève aussi des questions sur son orientation politique et économique.


Des récompenses sous influence ? La diaspora algérienne face à ses paradoxes

Soutenir le pouvoir politique ou toute autre partie du pays relève de la liberté de chacun. Honorer qui on veut est relève également du libre arbitre de celui qui décerne ces gratifications, méritées ou pas. Mais la manière avec laquelle et surtout le timing dans lequel la cérémonie a eu lieu relève a minima du manque de respect et de considération à des dizaines de milliers d’Algériens qui vivent en dehors de leur pays. Car, au moment où sont distribués ces cadeaux et bouquets de fleurs, des centaines d’Algériens sont interdits de rentrer dans leur pays. Beaucoup d’entre eux n’ont pas pu voir pour la dernière fois un parent disparu, n’ont pas pu partager la joie d’un frère ou d’une sœur qui a convolé en justes noces ou n’ont tout simplement pas pu passer des vacances auprès de leurs proches. Leur tort ? Avoir exprimé à un moment ou un autre leur désir de voir leur pays devenir une vraie démocratie. Certains étaient engagés durant les manifestations du hirak, d’autres non.


Plus que cela, beaucoup de ces Algériens de la diaspora sont rentrés au pays pour des affaires personnelles et n’ont jamais pu en ressortir. Ils font l’objet d’obligation de sortie du territoire national (ISTN). Pire, d’autres se sont retrouvés derrière les barreaux pour une simple publication sur les réseaux sociaux ! Dans les deux cas, les conséquences sont désastreuses ; beaucoup ont perdu leur emploi, leur affaire et ont vu leur famille traumatisée à vie. C’est la dote de l’engagement, parfois d’un rêve.


Célébrer ou occulter ? La face cachée des honneurs à la diaspora algérienne

Ces drames, les porte-voix du Conseil mondial de la diaspora algérienne ne doivent pas les occulter. Or, ils n’ont pas seulement fait le choix d’exclure une bonne partie de l’émigration algérienne, mais ils ont fait le pari de cacher la vérité. En faisant ainsi, la tête d’affiche de ce groupe, l’ancien député européen Karim Zéribi et ses amis, ne représentent pas la diaspora algérienne à l’étranger. Ils sont seulement l’étendard de ceux qui sont dans le pouvoir et sa périphérie. Exactement comme le faisait l’Amicale des Algériens de France durant la période du parti unique.


E. Wakli

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