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Algérie : Un acquittement sans fin de peine pour Saïd Boudour

  • cfda47
  • il y a 3 minutes
  • 2 min de lecture
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En Algérie, même l’acquittement n’efface pas le soupçon. Saïd Boudour, journaliste et défenseur des droits humains, reste sous le joug d’une interdiction arbitraire de voyager. Un message glaçant adressé à toute la société civile.  


Acquitté par la justice après trente-trois mois de contrôle judiciaire, il n’est pourtant pas libre. Le journaliste vit toujours sous le coup d’une interdiction administrative, décidée en dehors de tout cadre légal. Preuve que dans l’ “Algérie Nouvelle”, l’appareil sécuritaire continue d’imposer sa loi, même contre les décisions des tribunaux.  


Mon interdiction de voyager n’a pas été levée, et cela malgré près de deux années de démarches”, témoigne-t-il. “J’ai le sentiment d’être encore sous une surveillance invisible.” Ces mots disent le sort d’un citoyen que l’État choisit de punir même après son acquittement, comme pour rappeler que personne n’échappe au contrôle.  


L’histoire de Saïd Boudour est celle d’un acharnement. Arrêté en octobre 2019 pour “atteinte à l’image de l’armée” et “diffusion de fausses nouvelles”, il est libéré sous contrôle judiciaire mais reste des mois dans l’attente d’un procès. En mai 2021, une nouvelle procédure l’accuse cette fois “d’appartenance à une organisation terroriste”, pour son soutien pacifique au mouvement Hirak. La menace est lourde : jusqu’à vingt ans de prison. Pendant près de trois ans, il vit au rythme des convocations, interdit de quitter le territoire. Ce n’est qu’en avril 2024 que la justice finit par prononcer son acquittement. Mais la sanction invisible, elle, demeure.  


Ce qui frappe, c’est la continuité d’une méthode. Interdictions de sortie du territoire, blocages administratifs, convocations policières : d’autres journalistes, syndicalistes et militants subissent le même sort. C’est une répression discrète, qui contourne la justice et entretient un climat de peur. La Constitution garantit pourtant la liberté de circulation et de la presse. L’Algérie a signé les conventions internationales qui protègent ces droits. Mais dans la réalité, l’appareil sécuritaire les piétine, transformant chaque voix critique en suspect permanent.  


Le cas Boudour a franchi les frontières. Mary Lawlor, rapporteuse spéciale de l’ONU, a dénoncé cette situation. Elle rappelle qu’Alger s’était engagé à ne pas inquiéter les défenseurs rencontrés lors de sa visite officielle. Une promesse trahie, qui illustre le décalage entre le langage diplomatique et les pratiques sécuritaires.  


Ce maintien sous contrôle dit tout : en Algérie, ce ne sont pas les juges qui décident de la liberté des citoyens, mais l’appareil sécuritaire. L’acquittement ne vaut rien face à une logique d’État qui criminalise l’engagement et réduit l’espace de la société civile.  


Saïd Boudour, empêché de voyager, refuse pourtant le silence. Sa voix rappelle que les droits humains ne sont pas un acquis, mais un terrain de lutte. À travers son cas, c’est toute une société civile qui voit son espace rétréci, soumise à l’arbitraire d’un appareil sécuritaire qui n’a pas renoncé à sa toute-puissance.  


Amine B.  


 
 
 

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