Christophe Gleizes : le procureur requiert en appel dix ans de prison contre le journaliste
- cfda47
- il y a 2 jours
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À l'audience d'appel ce mercredi à Tizi Ouzou, le parquet général a durci le ton contre le journaliste français, jugé pour “apologie du terrorisme”. Une ligne accusatrice qui met à mal les espoirs de libération.
L'audience devait être celle de tous les espoirs. Elle pourrait tourner au cauchemar. Ce mercredi au tribunal de Tizi Ouzou, le procureur général a requis ce mercredi 3 décembre une peine de dix ans de prison contre Christophe Gleizes, soit trois années de plus que la condamnation prononcée en première instance en juin dernier.
La teneur du réquisitoire ne laisse planer aucun doute sur la position du parquet algérien. Pour l'accusation, Christophe Gleizes n'est pas venu en Algérie "pour accomplir un travail journalistique mais pour commettre un acte hostile". Elle réfute frontalement la défense du journaliste sportif de 36 ans, collaborateur des magazines So Foot et Society, arrêté en mai 2024 alors qu'il préparait un reportage sur la Jeunesse Sportive de Kabylie.
À cette peine de dix ans s'ajoute une amende de 500 000 dinars algériens, soit environ 3 300 euros. Le procureur campe sur une lecture politique du dossier, là où les avocats plaident l'incompréhension du métier journalistique. Christophe Gleizes a été poursuivi pour ses contacts avec un dirigeant du club de la JSK, également responsable du Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie, classé organisation terroriste par Alger en 2021.
Quelques heures avant ces réquisitions, le journaliste avait demandé “pardon” à la barre, reconnaissant avoir fait “beaucoup d'erreurs journalistiques” malgré ses “bonnes intentions”. Une posture humble, teintée d'émotion. “Je réclame votre clémence pour pouvoir retrouver ma famille”, avait-il ajouté. Ses parents, sa compagne, son frère et un ami assistaient à l'audience, espérant une issue favorable.
Mais l'intransigeance du parquet semble enterrer ces espoirs. Ses deux avocats, Me Emmanuel Daoud et Me Amirouche Bakouri, avaient pourtant plaidé l'irrégularité administrative plutôt que l'infraction pénale, soulignant que leur client était entré en Algérie avec un simple visa touristique alors que son travail nécessitait une accréditation de presse.
Selon Reporters sans frontières, qui suit le dossier de près, les échanges entre Gleizes et le responsable du MAK remontent à 2015 et 2017, bien avant le classement de l'organisation comme terroriste. Le seul contact en 2024 visait la préparation du reportage sur la JSK, “ce dont Christophe Gleizes ne s'est jamais caché”. L'ONG estime qu'il n'est “coupable que d'avoir exercé son métier de journaliste sportif”.
Le verdict sera rendu ce mercredi soir, a annoncé Me Bakouri. Les magistrats devront trancher entre la version défendue par le parquet et celle portée par la défense. Dans un contexte diplomatique tendu mais apparemment en voie d'apaisement entre Paris et Alger, le sort du journaliste cristallise les regards.
Amine B.



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