Corruption et justice: les enjeux du procès Kamel Chikhi
- cfda47
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L'affaire Kamel El Boucher, alias Kamel Chikhi, est l'un des plus grands scandales politico-financiers en Algérie. Cette affaire, qui remonte à mai 2018, concerne la saisie de 701 kg de cocaïne dissimulés dans des cartons de viande surgelée importée du Brésil. Son procès a été plusieurs fois reporté, notamment en janvier 2024, en raison de l'absence de témoins clés. Il s'ouvrira enfin, le 15 juin prochain. Cette affaire reste emblématique des luttes de pouvoir et des scandales de corruption en Algérie.
En mai 2018, 701 kg de cocaïne ont été saisis dans le port d'Oran. Kamel Chikhi, un influent homme d'affaires spécialisé dans l'immobilier et l'importation de viande, a été accusé d'être impliqué dans ce trafic. Il a été condamné à 8 ans de prison en février 2020 pour corruption et blanchiment d'argent. En avril 2021, il a également écopé de 2 ans de prison pour une affaire de fraude fiscale liée à des transactions immobilières impliquant des cadres de la direction des impôts . Son procès a mis en lumière des liens avec des hauts responsables algériens, notamment des magistrats et des membres du gouvernement. Le fils du président Abdelmadjid Tebboune a été cité dans l'affaire mais a été relaxé.
Kamel Chikhi et plusieurs co-accusés sont jugés pour constitution d’une organisation criminelle, importation et distribution de drogue, ainsi que blanchiment d’argent. L’instruction a duré plus de cinq ans, avec des commissions rogatoires envoyées à plusieurs pays pour tenter de retracer l’origine et la destination de la drogue.
Quand la politique s’invite dans les tribunaux : l’enjeu de l’indépendance judiciaire
L’affaire a révélé des liens avec des fonctionnaires de l’État, des hauts gradés de l’armée et de la police, certains ayant déjà été condamnés pour corruption. L’ancien chef de la police, Abdelghani Hamel, avait dénoncé des "dépassements dans l’enquête", affirmant que ses services détenaient des dossiers liés à cette affaire.
Le fils du Président de la république, Khaled Tebboune, a été relaxé dans le cadre du procès. Kamel Chikhi a affirmé que ce dernier n’avait jamais facilité ses affaires ni reçu d’argent de sa part.
L’indépendance de la justice en Algérie : mythe ou réalité ?
Le procureur avait demandé 2 ans de prison ferme, mais le juge a décidé de prononcer une relaxe pure et simple. Certains observateurs ont dénoncé un traitement de faveur, estimant que la relaxe de Khaled Tebboune met en doute l’impartialité du système judiciaire.
Cette décision a suscité des débats en Algérie, notamment sur la transparence des procès impliquant des personnalités influentes. La Constitution algérienne affirme que la justice est indépendante, mais en pratique, le Président de la République joue un rôle central dans la nomination des magistrats.
Des affaires judiciaires impliquant des opposants politiques ou des journalistes ont souvent soulevé des interrogations sur l'impartialité des tribunaux.
Rôle du lanceur d'alerte Noureddine Tounsi:
Ancien cadre au port d’Oran, Noureddine Tounsi a dénoncé des pratiques de corruption liées à l’affaire des 701 kg de cocaïne saisis en 2018. Lanceur d'alerte, il affirme avoir été détenu pendant quatre jours en 2018 et avoir subi des pressions pour garder le silence.
Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, Noureddine Tounsi interpelle la justice sur les garanties de sécurité pour les témoins avant, pendant et après le procès.
L'indépendance de la justice en Algérie est un sujet souvent débattu, notamment en raison de l'influence du pouvoir exécutif sur le système judiciaire. Plusieurs réformes ont été annoncées pour renforcer l'indépendance des juges, mais les organisations de défense des droits humains restent sceptiques quant à leur efficacité.
Le procès de Kamel El Boucher est suivi de près en Algérie, car il pourrait révéler de nouvelles ramifications politiques et économiques.
Nadia B
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