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Détenus d'opinion en Algérie : le RCD dénonce une justice à deux vitesses

  • cfda47
  • il y a 6 jours
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : il y a 4 jours

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Deux affaires, deux décisions opposées : le RCD accuse le pouvoir de piloter la justice au gré des intérêts politiques.  


À quelques mois d'échéances électorales dont les contours restent flous, l'Algérie traverse une période de tensions politiques marquée par une série d'arrestations et de libérations qui alimentent le débat sur l'indépendance de la justice. C'est dans ce contexte que le Rassemblement pour la Culture et la Démocratie a tenu vendredi son secrétariat national, dénonçant un système judiciaire aux pratiques contradictoires.  


Le parti a notamment réagi à deux affaires récentes qui cristallisent selon lui les dérives du régime. D'un côté, la condamnation du poète Mohamed Tadjadit, figure du Hirak, dont la peine illustre selon le RCD “une dérive répressive où la justice devient un instrument d'intimidation”.

Ce verdict "d'une sévérité inédite adresse un message clair : toute revendication citoyenne demeure passible de représailles judiciaires, dans un contexte où la liberté est systématiquement criminalisée", affirme le communiqué.  

De l'autre, la libération de l'écrivain Boualem Sansal. Le RCD rappelle avoir été “l'un des rares partis à dénoncer son emprisonnement” et se “félicite aujourd'hui de sa libération”. Mais cette issue positive soulève une question embarrassante : pourquoi lui et pas les autres ?  


“Cette issue, alors que d'autres citoyens restent détenus pour les mêmes faits, met en lumière une justice à géométrie variable”, tranche le parti.

Selon lui, cela “révèle un système judiciaire soumis au pouvoir exécutif, où les décisions sont dictées par des considérations politiques plutôt que par le droit”.  
Le RCD en profite pour réaffirmer ses exigences fondamentales :“la libération de tous les détenus d'opinion, l'ouverture du champ politique et médiatique et l'abrogation des lois liberticides qui étranglent la vie publique et associative”.  

Au-delà de ces cas individuels, le parti dresse un tableau général préoccupant. Sur le plan politique, il constate que “le pays demeure prisonnier d'une situation d'expectative et de verrouillage à la veille d'échéances électorales importantes”. Le pouvoir “persiste dans sa politique de fermeture du champ politique et médiatique, confisquant la parole publique et étouffant toute expression libre”.  


Les projets de réforme des lois électorales et des codes communal et de wilaya sont tantôt annoncés, tantôt gelés. “La cacophonie qui règne autour des réformes annoncées témoigne de la confusion et des tiraillements qui traversent le sérail”, observe le RCD. Ces textes, “tantôt suspendus, tantôt relancés, ne traduisent aucune vision de réforme véritable mais plutôt une lutte interne pour le contrôle des leviers institutionnels”.  


Face à cette confusion, le parti a décidé d'organiser des débats approfondis, en interne d'abord, puis élargis aux acteurs de la société civile, pour “dégager une lecture lucide de la situation et identifier les voies d'un sursaut national collectif”. Un conseil national sera “convoqué incessamment pour trancher la position du parti sur la participation ou non à ces élections”.  


Sur le front économique, le constat est tout aussi sévère. Le projet de loi de finances 2026 affiche un déficit de “prés de 9 000 milliards de dinars, soit plus de 54 % du budget global et plus de 22 % du PIB”. Des chiffres que le RCD qualifie de “niveaux sans précédent qui interrogent gravement sur la capacité de l'État à se financer par les voies conventionnelles”.  


Le parti dénonce une politique qui “subventionne l'échec et taxe la production, plongeant le pays dans un cycle vicieux où la rente supplante l'effort et où le court terme l'emporte sur la vision”.  


Sur le plan diplomatique, le RCD pointe un affaiblissement de l'influence algérienne. “L'Algérie, autrefois acteur respecté sur la scène régionale et internationale, voit aujourd'hui son influence s'effriter à mesure que le pouvoir s'enferme dans la rhétorique et la gesticulation”, écrit le parti.  


La récente résolution onusienne sur le Sahara occidental illustre selon lui ce recul : elle révèle “les conséquences directes de la perte de légitimité interne d'un régime coupé de son peuple. Un pouvoir qui réprime les siens ne peut prétendre inspirer confiance ni respect à l'extérieur”.  

Le RCD réaffirme sa position historique : “un règlement conforme au droit international, dans le cadre onusien, et inscrit dans une perspective de construction nord-africaine”.  

Enfin, le parti appelle les Algériens à “reprendre en main leur destin”. “L'histoire a montré que la peur et le silence ne protègent pas les peuples, ils prolongent seulement la domination et la misère”, martèle le parti dans son communiqué. Pour le RCD, l'Algérie “ne mérite pas une survie imposée ; elle mérite une renaissance”.  

 

Amine B.  

 

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