L’Affaire Nassera Dutour, ou quand l’arbitraire est érigé en mode de gouvernance
- cfda47
- 2 août
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 5 août

Le refoulement de Nassera Dutour, empêchée d’entrer en Algérie, continue de susciter des réactions d’indignation et même de dénonciation de la part de pans entiers de la société et de la classe politique algérienne. Loin d’être une première puisque le journaliste Farid Alilat avait subi le même sort en avril 2024, cette décision est pour le moins illégale et constitue surtout un acte arbitraire étant donné que la loi fondamentale est claire sur le sujet : seule une décision de justice peut empêcher un citoyen algérien de sortir ou d’entrer au pays.
La dernière réaction en date est venue de Abdelouahab Yagoubi, député des Algériens de France, qui a dénoncé cet abus de pouvoir, une violation de la loi. « Restreindre le droit constitutionnel à la liberté de circulation — consacré par l’article 49 de la Constitution — en dehors de tout cadre judiciaire, constitue une violation flagrante des garanties constitutionnelles et des engagements internationaux de l’Algérie. Cela porte atteinte à l’image de l’Algérie, à la crédibilité de ses institutions, et envoie un signal négatif aux citoyens, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays », écrit le parlementaire sur sa page Facebook. « c’est un acte arbitraire », « une absurdité juridique », a commenté pour sa part le journaliste Abed Charef. Pour l’avocat Abdelghani Badi, « de telles pratiques sont inacceptables surtout si la personne concernée jouit de tous ses droits civiques et politiques ».
Il est vrai que l’application des lois, notamment celles relatives aux droits de l’Homme, n’ont jamais été le point fort des autorités algériennes. Mais de mémoire de militants, c’est la deuxième fois (avec l’affaire Alilat) que des ressortissants algériens sont interdits d’entrer dans leur pays par une simple décision sécuritaire. Des Algériens établis à l’étranger ont pu subir toutes sortes d’actes arbitraires, plus particulièrement des arrestations une fois rentrés au pays. D’autres, des milliers, sont empêchés de sortir du pays souvent sans explication. Mais c’est sans doute la première fois que les autorités du pays ont décidé de franchir ce nouveau pas qui est celui de fouler le sol de leur pays sans qu’une explication convaincante ne soit donnée.
Dans le cas de Farid Alilat, qui a accusé publiquement un conseiller de la présidence de la République d’être la décision de son empêchement d’entrer dans son pays, l’ancien ministre de la Communication Mohamed Lagab, a maladroitement justifié l’arbitraire par le fait que c’était « le journaliste de Jeune Afrique », le magazine panafricain pour lequel travaillait le journaliste à l’époque, qui était empêché d’entrer en Algérie et non pas « le citoyen Farid Alilat, qui est le bienvenu ». Mais dans l’affaire Dutour, aucune explication n’a été donnée.
Ce qui est certain, c’est que certains responsables actuels du pays sentent que le pays est leur propriété privée, ce qui leur permet de faire ce qu’ils veulent ! Cela s’appelle un « abus de pouvoir ».
E. Wakli
Commentaires