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L’Algérie veut sortir de l’ombre 90 milliards de dollars d’économie informelle

  • cfda47
  • il y a 4 heures
  • 2 min de lecture

Face à un secteur informel estimé à près de 90 milliards de dollars, l’Algérie franchit un pas décisif pour intégrer ces flux financiers dans le circuit économique officiel. À travers une série de mesures ciblées, le gouvernement cherche à rétablir la justice fiscale, stimuler la croissance et moderniser son système financier, tout en élargissant l’assiette fiscale de manière durable.



L’une des initiatives phares de cette stratégie réside dans l’inclusion bancaire des populations vulnérables et des régions éloignées, un levier essentiel pour réduire la fracture financière. Les banques algériennes déploient des dispositifs adaptés aux personnes âgées, aux femmes en zones rurales et aux personnes en situation de handicap, via des technologies accessibles comme le braille ou les lecteurs vocaux.


L’objectif est double, faciliter l’accès de ces catégories aux services bancaires et les inciter à abandonner l’économie parallèle. Ces efforts ont été mis en avant lors d’un événement organisé par la Fédération des banques et institutions financières algériennes le 27 avril 2025, à l’occasion de la Journée de l’inclusion financière arabe.


Le diagnostic des experts est sans appel, le poids de la fiscalité algérienne est l’un des principaux moteurs de la prolifération de l’économie informelle. Les entreprises algériennes supportent jusqu’à 65 % de prélèvements sur leurs revenus, entre l’IBS (26 %), la TVA (19 %) et l’IRG (10 %), sans compter d’autres taxes additionnelles.


Une telle pression pousse de nombreux opérateurs à opter pour l’opacité du secteur informel, jugée moins risquée malgré son illégalité. Pourtant, cette situation provoque une concurrence déloyale, nuit aux recettes fiscales et freine l’investissement.


Pour y remédier, les experts préconisent une réforme fiscale ambitieuse, axée sur l’allègement de la pression et la justice fiscale. Une baisse significative de la TVA (de 19 % à 8 %) et de l’IBS (de 26 % à 10 %) pourrait suffire à convaincre nombre d’acteurs informels à rejoindre le secteur légal.


Une fois cette transition amorcée, la criminalisation de la fraude fiscale serait envisageable pour renforcer la crédibilité du système. « À l’instar de la spéculation, la fraude fiscale devrait être sévèrement sanctionnée », plaide un économiste cité par Echorouk, afin de protéger les opérateurs respectueux des lois.


Le régime de l’impôt forfaitaire unique (IFU), censé simplifier la fiscalité pour les petites entreprises, fait l’objet de critiques croissantes.


Basé sur un chiffre d’affaires annuel ne dépassant pas 8 millions de dinars, il permet à certains opérateurs de masquer volontairement une partie de leurs revenus afin de bénéficier d’un impôt réduit.


Ce système, devenu un refuge pour les fraudeurs, compromet la transparence et creuse les inégalités. La dernière loi de finances prévoit d’élargir la liste des activités exclues de l’IFU, mais des réformes plus profondes sont nécessaires.


Autre pilier de cette lutte est la digitalisation de l’administration fiscale. Depuis son élection en 2019, le président Abdelmadjid Tebboune en fait un axe prioritaire. Pourtant, les avancées restent timides.


Une numérisation efficace permettrait pourtant un meilleur contrôle des flux économiques et faciliterait l’intégration des petits opérateurs dans le système formel.


La simplification des démarches, la généralisation des paiements électroniques et la transparence des opérations sont des conditions indispensables à une lutte pérenne contre l’informel. 


L’Algérie amorce une réforme d’envergure pour assainir son économie, redynamiser ses recettes fiscales et promouvoir une justice économique plus équitable.


Si les mesures d’inclusion financière sont prometteuses, elles devront être soutenues par une véritable réforme du système fiscal et une digitalisation effective de l’administration. Un pari ambitieux, mais nécessaire.



Yacine M

 

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