Retailleau justifie sa fermeté envers l'Algérie en citant Macron
- cfda47
- 20 juil.
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Le ministre français de l'Intérieur a invoqué une formule présidentielle pour défendre sa stratégie de fermeté envers l'Algérie. Cette citation révèle la philosophie qui guide désormais l'approche française dans ses relations avec Alger.
“Pour être libre, il faut être craint”. C'est par cette citation d'Emmanuel Macron que Bruno Retailleau a conclu son réquisitoire contre l'Algérie dans Le Figaro. Une formule qui éclaire la nouvelle doctrine française et annonce un changement de paradigme dans les rapports entre Paris et Alger.
Le ministre de l'Intérieur assume pleinement cette philosophie des relations internationales qu'il entend appliquer à l'Algérie. “Cela doit être le cas dans notre relation avec l'Algérie qui multiplie les provocations”, affirme-t-il, transformant la phrase présidentielle en ligne directrice de sa politique. Cette référence à Macron n'est pas anodine. Elle permet à Retailleau de légitimer sa stratégie de confrontation en s'appuyant sur l'autorité du chef de l'État.
Le ministre présente ainsi sa ligne dure non comme une initiative personnelle, mais comme l'application de la doctrine présidentielle. “Il y a aussi la question de la fierté française dont je me sens comptable, comme ministre de l'Intérieur”, explique Retailleau pour justifier cette posture. Une fierté qu'il estime bafouée par ce qu'il présente comme les humiliations répétées de l'Algérie.
Une doctrine de la crainte appliquée à l'Algérie
Cette philosophie du rapport de force se traduit concrètement par une série de mesures que le ministre français présente comme inévitables. Retailleau revendique l'abandon de ce qu'il appelle “la diplomatie des bons sentiments” au profit d'une approche basée sur l’intimidation.
“Le régime algérien ne souhaite pas une relation respectueuse mais cherche à nous humilier. Plus nous plierons, moins nous obtiendrons”, martèle-t-il, appliquant la logique macronienne à la situation algérienne. Pour incarner cette crainte qu'il veut inspirer, le ministre annonce des sanctions concrètes. Il évoque l'interdiction d'accès au territoire français pour les responsables algériens accusés de “dénigrer” la France, ainsi que la non-reconnaissance des documents consulaires algériens.
Plus symbolique encore, Retailleau menace de dénoncer l'accord franco-algérien de 1968, qu'il considère comme un “statut dérogatoire” accordé aux Algériens. “S'ils ne sont pas dénoncés avant la fin de ce quinquennat, il faudra le faire après la prochaine présidentielle”, prévient-il.
Le ministre instrumentalise aussi les chiffres de l'immigration pour alimenter sa rhétorique. Il souligne que 42% des étrangers en situation irrégulière dans les centres de rétention sont algériens, présentant ce pourcentage comme la preuve de la mauvaise volonté algérienne.
L'affaire Boualem Sansal devient également un instrument de cette stratégie. Retailleau qualifie la détention de l'écrivain d'“arbitraire” et réclame un “geste humanitaire”, transformant cette affaire judiciaire en test de la capacité française à se faire “craindre” d'Alger.
Cette approche marque une rupture avec des décennies de diplomatie traditionnelle entre les deux pays. En citant Macron, Retailleau ne se contente pas de durcir le ton : il théorise une nouvelle approche des relations franco-algériennes basée sur l'intimidation plutôt que sur la négociation. Le ministre présente cette stratégie comme une question de souveraineté nationale. “La relation entre deux pays souverains doit être basée sur la réciprocité”, argumente-t-il, estimant que seule la crainte peut rétablir cette réciprocité.
Cette citation présidentielle révèle donc bien plus qu'une simple escalade verbale. Elle dévoile une doctrine assumée qui fait de la peur l'outil privilégié des relations diplomatiques françaises avec l'Algérie. Une philosophie qui risque de transformer durablement la nature des rapports entre les deux rives de la Méditerranée.
Sophie K.
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