L’Algérie, le pays de l’ascenseur émotionnel pour ses dirigeants
- cfda47
- 10 juil.
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On a souvent évoqué le concept des « révolutions qui dévorent leurs enfants ». Ce sont des mouvements dont le but est initialement de renverser une situation pour créer de nouvelles conditions de vie dans une nation, dont les initiateurs finissent mal. Ils sont soit tués, assassinés ou emprisonnés. En Algérie, à cette citation peut s’ajouter une autre réalité : c’est le pays qui réserve un ascenseur émotionnel pour ses dirigeants.
Ces dernières heures ont montré aux Algériens que dans le système politique de ce pays, on peut vite passer des cimes de la gloire aux abimes de la prison, tout comme on peut faire le chemin inverse en allant des coins sombres des centres de détention aux lumières les plus resplendissantes des arènes de la gloire ! Il en est ainsi de deux hauts gradés de l’armée algérienne, Hocine Benhadid et Abdelkader Haddad.
Le Général Hocine Benhadid, décédé en avril 2023, avait connu de longues années de services au sein des forces armées avant d’être incarcéré en 2015 suite à ses déclarations contre le chef d’Etat-major de l’armée à l’époque Ahmed Gaid Salah. Le vieux général, déjà retraité et malade, a été condamné à 5 ans de prison avant d’être réhabilité en 2021.
En ce 10 juillet, la promotion sortie de l’école nationale interarmes de Cherchell, la plus prestigieuse du pays, a porté son nom. Son portrait géant a orné l’école militaire et son épouse, émue, a versé des larmes. Il y a deux mois, un autre compagnon d’armes du général Benhadid, Abdelkader Ait-Ouarabi lui aussi réhabilité après cinq ans de prison, a été nommé chef de la Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI) avant d’être promu au grade général de corps d’armée.
A l’autre bout de l’ascenseur, le général Abdelkader Haddad, alias Nacer El-Djen, est passé en quelques mois de l’enfant gâté à un paria du système politico-militaire algérien. Il y a un peu plus d’un an, il était promis à un avenir radieux. Le chef de l’Etat Abdelmadjid Tebboune lui a lancé, en direct à la télévision, « tenez-vous prêt » pour être nommé quelques mois plus tard chef de la DGSI, le service le plus puissant des Renseignements algériens. Lui qui était écarté des affaires durant le Hirak a repris sa place parmi ceux qui soufflent à l’oreille du président. Puis, depuis le 07 juin, il est en garde à vue, poursuivi dans des affaires de corruption et d’enrichissement illicite. Il risque de suivre ses anciens camarades à la prison.
Ces exemples rappellent en effet la longue liste des anciens premiers ministres (trois au moins), des dizaines de ministres, de cadres, de walis, de généraux, colonels et d’hommes d’affaires… qui croupissent en prison depuis 2019, eux qui étaient il n’y a pas si longtemps des faiseurs de rois.
La roue tourne, certes. Cela fait partie de la vie. Mais sous le ciel de l’Algérie, les chutes sont souvent plus brutales que les montées et les carrières des uns et des autres peuvent dépendre, parfois, des humeurs du palais.
E. Wakli
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