Quand le militantisme devient un délit : le cas de l’enseignant Ayoub Amari
- cfda47
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Dernière mise à jour : il y a 12 heures

Ce dimanche 21 septembre, près de 12 millions d’élèves ont repris les chemins des écoles algériennes. Des dizaines d’employés et de professeurs ont également mis fin à leurs longues vacances estivales. Mais pas Ayoub Amari. Cet universitaire a enseigné comme vacataire dans l’Education nationale et dans des institutions universitaires. Professeur au lycée Louis-Pasteur d’Oran, le jeune homme a vu son contrat rompu, momentanément certes, lorsqu’il s’est rendu le 15 septembre dernier pour signer le procès-verbal de reprise du travail.
Si Ayoub Amari n’a pas plus de travail, ni de salaire, aujourd’hui, c’est à cause de son engagement militant et syndical. Poursuivi par le parquet à cause de ses activités syndicales, notamment en raison d’un sit-in observé en avril 2025 devant l’inspection académique d’Oran en compagnie d’autres professeurs. Le but de cette journée de protestation : réclamer plus de droits sociaux, des salaires décents… En gros, un travail normal d’un syndicaliste.
L’administration de l’établissement indique que la suspension du fonctionnaire est temporaire et qu’il n’a pas perdu tous ses revenus et qu’il continuera à percevoir une partie de salaire jusqu’à ce que le verdict final soit prononcé (En première instance, le jeune homme est condamné à 6 mois de prison ferme et à une amende de 50 000 DA). C’est parole contre parole. Mais le fait est que malgré tout, un jeune algérien est persécuté à cause de ses engagements. En plus de son combat syndical en tant qu’enseignant, il s'investit dans un collectif national des détenteurs de Magister et de doctorat, dont il réclame l’embauche systématique. C’est une revendication populiste, c’est vrai. Mais elle a le mérite d’exister. Puis, Ayoub Amari est un ancien activiste du Hirak populaire dans la ville d’Oran.
Désespéré, le jeune homme a écrit un texte très émouvant sur sa page facebook. « J’ai perdu toutes les batailles militantes engagées dans mon pays, à commencer par mon engagement dans le hirak », a-t-il mentionné tout en rappelant son travail syndical. Tout cela a une conséquence : pas de logement, pas de voiture et « incapable financièrement » de se marier. Pire, il décrit une vie où il est obligé de dormir dans des hôtels bas de gamme ou dans des hammams, ce qui l’expose tous les jours à des risques d’agression.
L’histoire de Ayoub Amari est celle de beaucoup de jeunes algériens qui vivent l’ostracisme, la marginalisation et le mépris à cause de leur engagement. C’est la moisson de ceux qui s’engagent publiquement dans la vie politique de leur pays. C’est aussi un message à d’autres Algériens qui souhaitent s’engager dans l’action publique. Cela entre dans le cadre politique global du pays, fait de répression et du déni de l’action politique. C’est l’image de l’Algérie que veulent Abdelmadjid Tebboune et son entourage.
Essaïd Wakli
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