Un contrôle judiciaire interminable: l’arme de dissuasion contre les militants
- cfda47
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Dernière mise à jour : il y a 6 jours

Le mardi 3 juin, le collectif de défense du militant politique Karim Tabbou, dénonce le maintien de ce dernier sous contrôle judiciaire depuis de longs mois, voire des années.
L’ancien premier secrétaire national du FFS est également soumis à un régime strict fait d’interdictions diverses, parmi lesquelles celles de ne pas pouvoir faire de la politique, s’exprimer dans les médias. Une manière de « le faire taire », dénoncent les avocats.
Cette dénonciation met une lumière sur les pressions que subissent des acteurs politiques de l’opposition. Cela se matérialise notamment par le recours abusif à la détention provisoire.
Cette mesure sensée être une exception est devenue la règle et va parfois au-delà de la condamnation de la personnalité concernée. Ainsi, l’ancien président du RCD, Mohcine Belabbas est obligé de pointer chaque semaine chez les services de sécurité malgré sa condamnation en première instance à un an de prison. Pourtant, ses avocats sont formels : le contrôle judiciaire tombe automatiquement après une condamnation. Ce n’est pourtant pas le cas de Mohcine Belabbas tout comme d’autres exemples comme Marzoug Touati.
Ce militant, condamné à moultes reprises à des peins de prison, comme c’était le cas en juillet 2024, est toujours obligé de se présenter deux fois par semaine devant les services de sécurité pour montrer qu’il est toujours là. « C’est très épuisant moralement », nous a confié un autre prévenu touché par cette mesure.
Pour les avocats et les défenseurs de droits de l’Homme, ces mesures visent non seulement à dissuader les militants politiques de continuer à défendre leurs causes, mais également à humilier et soumettre les plus récalcitrants parmi eux. Preuve en est que ce sont souvent les mêmes figures politiques et militantes qui font l’objet de harcèlement judiciaire depuis l’avènement du hirak en 2019.
Ces restrictions interviennent d’ailleurs de manière systématique après chaque publication sur les réseaux sociaux ou des sorties sur le terrain de ces militants que les autorités considèrent comme récidivistes. Cette attitude des autorités a poussé de nombreux militants et activistes à se mettre en retrait de la vie publique ou à se cacher.
La clandestinité ou l’exil pour ceux qui ne sont pas touchés par l’interdiction de quitter le territoire national (ISTN) sont devenus le seul refuge pour ceux qui sont encore en liberté. Les autres, plus de 280 selon le recensement fait par des défenseurs des Droits de l’Homme, croupissent en prison dans l’attente d’un procès depuis plusieurs mois. Ils paient le prix de leur engagement.
Un prix qu’ils paient souvent seuls, dans leurs solitudes de prisonniers dont les cris n’ont d’échos que chez leurs parents et de rares militants qui n’ont aucun moyen d’éviter ces drames, surtout que certains détenus observent une grève de la faim depuis plusieurs jours.
E. Wakli
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